Le Mali, pour moitié occupé par des islamistes qui contrôlent le Nord, a célébré samedi le 52e anniversaire de son indépendance dans le désarroi, au moment où le président par intérim Dioncouda Traoré prône "la négociation" avec les groupes armés, tout en préparant le pays à "la guerre". Encadrée par un grand nombre de militaires, gendarmes, policiers et gardes, une cérémonie brève et très simple a commémoré l'indépendance de l'ex-colonie française (1895-1960) à Bamako. Le président Dioncounda Traoré a déposé des fleurs sur la place de l'Indépendance, en présence d'ambassadeurs étrangers et de tous les membres du gouvernement, à l'exception du Premier ministre Cheikh Modibo Diarra, en mission à New York auprès de l'ONU. Le chef d'état-major général adjoint, le Colonel-major Adama Dembélé, représentait la direction de l'armée. Puis une simple prise d'armes symbolique et un petit défilé ont été organisés à l'intérieur même du camp du génie militaire à Bamako, en présence du ministre de la Sécurité intérieure, le général Tiéfing Konaté. Le chef de l'ex-junte, le capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo, basé dans la ville-garnison de Kati (à 15 km de Bamako), n'était présent à aucune des cérémonies. Il y a un an, pour le 51e anniversaire de l'indépendance du Mali, le président Amadou Toumani Touré, au pouvoir depuis dix ans, inaugurait le troisième pont de Bamako, financé par la Chine. Six mois plus tard, le 22 mars, il était renversé par des militaires dirigé par le capitaine Sanogo, l'accusant d'"incompétence" dans la lutte contre la rébellion touareg et les islamistes dans le Nord. Dans la foulée de ce putsch, le Nord du Mali était passé sous le contrôle des islamistes de la branche maghrébine d'Al-Qaïda et des groupes Ansar Dine et Mujao. "Ce n'est pas logique de parler d'indépendance quand nos frères et soeurs du Nord vivent sous occupation", commente à Bamako Bintou Maïga, étudiante en droit originaire de Gao. "Mais j'ai confiance en notre armée, même défaite. Elle doit se ressaisir, dépasser ses querelles pour se mettre état de combattre les forces obscures qui occupent les deux-tiers du pays", assure-t-elle. Vendredi soir, le discours du président malien à la Nation a été double: d'une part, il a appelé les groupes armés qui occupent le Nord à entamer "des négociations sincères, dans le respect strict de l'intégrité territoriale et de la laïcité de la République"; d'autre part, il a demandé à la Nation malienne "l'union sacrée" autour de l'armée, en se présentant comme "le président d'unpays en guerre". Une libération du Nord par "la négociation ou par la force": le président n'a pas tranché. "Puisque nous la préparons, nous ferons la guerre s'il ne nous reste plus d'autre choix", a-t-il déclaré, comme s'il s'y n'était pas du tout résolu.