La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) revient à la charge. Elle menace de durcir le ton et de réimposer ses sanctions ciblées du 2 avril dernier aux membres du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat et leurs alliés civils. La raison ? Elle soupçonne ceux-ci de chercher à « perturber la transition politique » et de « déstabiliser » le pays. Le capitaine Amadou Haya Sanogo, leur « général », ne veut pas lâcher prise. Il appelle les autorités par intérim du pays à organiser sous la haute présidence du chef de l'Etat par intérim Dioncounda Traoré, une convention nationale avec les forces vives de la Nation « sans exclusive aucune ». « Pour désigner l'homme ou la femme (...) qui dirigera le pays jusqu'à la tenue des élections et sera, nous l'espérons, une solution au blocage politique au Mali », dit-il. Selon le capitaine, Traoré, le président par intérim depuis le 12 avril dernier, doit partir mardi prochain... au plus tard, c'est-à-dire au terme des 40 jours prévus par la Constitution. La Cédéao refuse de plier. Réconfortée par les Américains qui viennent de demander au capitaine et à son équipe de « démissionner », elle campe sur ses positions, c'est-à-dire confier toute la période de transition, soit douze mois, à Traoré. « La Cédéao ne tolèrera pas que des individus prennent la transition en otage », peut-on lire dans le communiqué qui a sanctionné le sommet extraordinaire de ses chefs d'état-major, lundi à Abuja (Nigeria). A quelques jours de cette date, de toutes les « incertitudes », plusieurs scénarios sont avancés. Y compris un déploiement de troupes de l'organisation régionale. Autres scénarios ? Confier la direction de la transition au capitaine qui doit « réorganiser l'armée pour aller à la reconquête du nord » ou donner les pleins pouvoirs à Cheikh Modibo Diarra, l'actuel premier ministre. Dans un cas comme dans l'autre, les perspectives ne sont pas encourageantes. Au Nord, l'AQMI et les rebelles touareg ont le champ libre. Depuis peu, les habitants de ces contrées sont en guerre contre ces « groupes armés ». Le Burkinabé Djibril Bassolé et l'Ivoirien Adama Bictogo, les deux émissaires de la Cédéao ont repris, hier, le chemin du retour à Bamako pour s'entendre avec les militaires sur le nom du futur président de la transition. De la réponse de ces derniers, dépendra l'avenir du Mali. Particulièrement de son Nord où Ansar Dine, le groupe islamiste épaulé par l'Aqmi et le Mouvement national de libération de l'Azawad, seraient en conciliabules pour faire front contre les troupes maliennes et celles « annoncées » de la Cédéao qui tracent et retracent leurs plans. Probablement, le temps que le MNLA avec lequel elle veut dialoguer consolide ses assises.