La principale coalition de l'opposition égyptienne a annoncé vendredi qu'elle ne participerait pas au dialogue proposé la veille par le président Mohamed Morsi, en accusant le chef de l'Etat d'ignorer ses demandes. Le Front du salut national (FSN) a indiqué dans un communiqué son "refus de participer au dialogue proposé par le président de la République demain samedi". Cette coalition, présidée par le Prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, comprend plusieurs groupes de l'opposition de gauche et libérale au président issu des Frères musulmans. L'offre de M. Morsi ne présente pas les bases "d'un dialogue véritable et sérieux", a estimé le Front, en demandant de nouveau l'annulation du décret du 22 novembre par lequel le président a considérablement élargi ses pouvoirs, et du référendum prévu le 15 décembre sur un projet de Constitution très contesté. Dans un discours au ton offensif jeudi soir, M. Morsi a campé sur sa position, maintenant décret et référendum, tout en appelant l'opposition à un dialogue. Le FSN a estimé que le discours de Morsi avait "déçu les espoirs de la majorité du peuple égyptien" et "contrevenait aux demandes répétées qui lui ont été adressées de proposer des solutions consensuelles (...) pour sortir l'Egypte de la situation catastrophique actuelle". "Le président a totalement ignoré que ses partisans sont ceux qui ont commencé à attaquer les manifestants pacifiques devant le palais (présidentiel) d'Ittihadiya" déplore le Front. Il a "divisé les Egyptiens entre +soutiens de la légitimité+, ses partisans, (...) et ses opposants qu'il a qualifiés de voyous", selon le FSN. M. Morsi "confirme ainsi qu'il ne se comporte pas en tant que président de tous les Egyptiens, mais en tant que président d'une seule faction politique", a accusé le FSN. La coalition, qui a prévu de nouvelles manifestations vendredi pour faire pression sur le président, s'est engagée à "continuer d'user de tous les moyens légitimes pour protéger ses droits et libertés et remettre la révolution sur les rails". Sept personnes ont été tuées dans les violences entre pro et anti-Morsi devant le palais dans la nuit de mercredi à jeudi. Les deux camps se sont rejeté la responsabilité des affrontements.