Le président français François Hollande a affirmé vendredi à Bruxelles qu'il parlera de "tous les sujets", y compris de l'enquête sur l'assassinat en 1996 des sept moines de Tibéhirine, avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika lors de sa prochaine visite en Algérie. "Je parlerai avec les autorités algériennes, avec le président Bouteflika, de tous les sujets", a dit M. Hollande lors de la conférence de presse à l'issue du sommet européen, interrogé sur un appel lancé par l'avocat des parties civiles dans l'affaire des moines de Tibéhirine. Le chef de l'Etat français, qui effectuera mercredi et jeudi une visite d'Etat en Algérie, a été appelé par Me Patrick Baudouin à intervenir auprès des autorités algériennes "pour que puisse progresser la légitime recherche de la vérité". Dans une lettre ouverte publiée dans La Croix, Me Baudouin souligne que l'instruction menée par le juge parisien Marc Trévidic sur l'enlèvement et l'assassinat des sept moines de Tibéhirine "reste aujourd'hui suspendue à la coopération des autorités algériennes". Le magistrat a délivré une commission rogatoire à destination de l'Algérie, le 16 décembre 2011, mais "n'a pu depuis lors obtenir, pour l'accomplissement de celle-ci, la réponse positive lui permettant de se rendre sur place", explique l'avocat. Il a sollicité François Hollande "afin que cette question de la nécessaire coopération des autorités algériennes dans l'exécution de la commission rogatoire internationale soit évoquée lors de (ses) entretiens" avec le président algérien. Les sept moines avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé situé près de Medea. Le Groupe islamique armée (GIA) de Djamel Zitouni, soupçonné d'avoir été un agent infiltré des services algériens, avait revendiqué dans un communiqué leur enlèvement et leur assassinat. Leurs têtes avaient été retrouvées le 30 mai au bord d'une route de montagne mais leurs corps ne l'ont jamais été. Après avoir suivi la thèse islamiste, l'enquête judiciaire s'est réorientée vers une bavure de l'armée algérienne depuis 2009 et le témoignage d'un ancien attaché de défense à Alger. D'après le général François Buchwalter, les moines ont été tués dans un raid d'hélicoptères tandis qu'ils se trouvaient dans un bivouac de jihadistes. Une autopsie des têtes pourrait permettre au juge de recueillir des indices sur les conditions de leur mort.