Le Groupe de travail de l'ONU sur la discrimination contre les femmes a relayé vendredi des "craintes" sur l'évolution des droits des femmes en Tunisie, appelant le gouvernement, dirigé par des islamistes, à garantir l'égalité des sexes et la parité. "Le climat d'insécurité que nous relevons dans notre rapport de mission provient d'un sentiment de peur exprimé par de nombreuses femmes qui craignent de perdre la protection et les garanties dont elles ont pu bénéficier jusqu'à présent", a relevé devant la presse Kamala Chandrakirana, du groupe de travail. Le projet de Constitution en cours de rédaction mentionne l'égalité homme-femme, mais il subsiste une "persistance de lacunes et d'ambiguïtés qui, si elles ne sont pas retirées, pourraient compromettre la protection des droits des femmes et le principe de l'égalité des sexes", relève cette mission de l'ONU dans un ommuniqué. Le Groupe de travail relève ainsi que "l'interdiction de la discrimination, y compris sur la base du sexe, n'est pas articulé" dans le texte et recommande dès lors la création d'une "autorité constitutionnelle spécialisée dans les questions d'égalité des sexes". Par ailleurs, la mission de l'ONU appelle à l'adoption d'une loi sur la parité dans la vie politique. "L'équilibre des sexes dans le processus de décision est une question très importante et c'est pour cette raison que nous suggérons l'introduction de la parité dans la Constitution", a relevé Eleonora Zielinska, une autre représentante de ce groupe de travail. Les islamistes d'Ennahda, qui dirigent le gouvernement, avaient déclenché un large mouvement de contestation en août en proposant d'inscrire dans la nouvelle Constitution la "complémentarité" des sexes et non l'égalité, un projet abandonné finalement en septembre. Des ONG expriment régulièrement des craintes sur l'évolution des droits des femmes, accusant Ennahda d'orchestrer une islamisation rampante de la société. Les Tunisiennes bénéficient de larges droits énumérés dans le Code de statut personnel promulgué en 1956 pour instaurer l'égalité des sexes dans certains domaines, une situation unique dans le monde arabe. Elles restent cependant discriminées dans plusieurs cas, en particulier en matière d'héritage.