Plusieurs centaines de partisans du parti Hizb Ettahrir ont manifesté vendredi devant l'Assemblée nationale constituante tunisienne pour réclamer l'application de la charia alors que les islamistes au pouvoir ont renoncé à la faire inscrire dans la future Constitution. "Le Hizb Ettahrir propose une Constitution islamiste", "Notre révolution va se poursuivre" ou encore "Nous réclamons l'application de la charia", pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants divisés en deux groupes, les hommes d'un côté et les femmes de l'autre. "Nous sommes là pour protester contre le brouillon (de la Constitution) qui ne respecte pas les principes de l'islam et qui laisse la voie libre aux laïcs pour imposer leur volonté", a déclaré une manifestante, Noura, 27 ans. Le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement, a renoncé à faire inscrire la loi islamique dans la future Constitution face à l'opposition de l'essentiel de la classe politique et notamment de ses alliés laïcs de centre-gauche. Plusieurs mouvements islamistes, dont Hizb Ettahrir, ont dénoncé cette décision. L'opposition accuse pour sa part Ennahda de tenir un double discours en renonçant d'une part à la charia mais en orchestrant une islamisation rampante de la société. Les dirigeants d'Ennahda sont aussi accusés de complaisance à l'égard de la mouvance salafiste, responsable de plusieurs vagues de violences depuis la révolution, qui a mis fin à 23 ans de règne de Zine El Abidine Ben Ali et fêtera lundi ses deux ans. Par ailleurs, aucun consensus n'est intervenu sur la répartition des pouvoirs dans la future Constitution, si bien que la rédaction est dans l'impasse et qu'aucun calendrier d'adoption n'a été annoncé.