Le chef présumé des jihadistes tunisien, Abou Iyadh, s'est dit prêt, dans un entretien diffusé mardi sur internet, à dialoguer avec les islamistes d'Ennahda au pouvoir tout en dénonçant un complot entre l'Occident et le gouvernement en Tunisie. "Nous faisons la différence entre le gouvernement et le mouvement Ennahda. Le gouvernement ne représente pas l'islam, mais le mouvement Ennahda, on travaille avec lui en tant que courant islamique indépendant du gouvernement", dit-il dans cet entretien dont la diffusion sur la radio Mosaïque FM a été interdite lundi par la justice tunisienne. "Nos ennemis veulent un conflit entre islam et islam. Ennahda souhaite nous rencontrer mais ils ont les mains liées par le gouvernement parce qu'il obéit aux conditions de l'Occident", poursuit le chef d'Ansar al-Charia (Partisans de la loi islamique), appelant à une conférence réunissant tous les mouvements islamiques tunisiens. Le gouvernement tunisien est dirigé par Ennahda qui a formé une alliance vacillante avec deux partis laïcs. Abou Iyadh, en fuite depuis le 14 septembre et l'attaque de l'ambassade américaine de Tunis qu'il est soupçonné d'avoir orchestrée malgré ses dénégations, a souligné que la Tunisie n'était pas une terre de guerre sainte et que dès lors, son mouvement n'était pas armé. "Il n'y a pas de raison de faire le jihad en Tunisie, c'est pour ça que des dizaines de jeunes partent en Syrie ou ailleurs (...) actuellement nous menons un travail social, de charité et de prédication", a-t-il déclaré, ajoutant "nous n'avons pas de dépôt d'armes". Il s'est dit opposé au départ de Tunisiens pour combattre en Syrie ou au Mali, afin de ne pas "vider la scène tunisienne de ses jeunes" militants salafistes. Revenant sur sa cavale, il a affirmé être pourchassé à la demande des Occidentaux car "Ansar al-Charia a trouvé une place importante ces deux dernières années en Tunisie grâce à son travail de bienfaisance". Abou Iyadh, un ex-combattant pro-taliban en Afghanistan, s'est toujours gardé d'appeler ouvertement à la violence, mais selon les autorités son mouvement est lié à plusieurs attaques en Tunisie depuis la révolution.