La radio tunisienne Mosaïque-FM a annoncé lundi que la Justice lui avait interdit de diffuser une interview du chef jihadiste présumé Abou Iyadh, en cavale depuis septembre, estimant qu'elle représentait une menace pour la sécurité publique. "La diffusion de cette interview peut influencer le déroulement de l'enquête (visant Abou Iyadh) (...) et peut contenir des messages codés pouvant influencer le déroulement de l'enquête et troubler l'ordre public", a estimé le juge d'instruction Jalel Eddine Boukhtif selon un courrier transmis à la radio et lu à l'antenne. Abou Iyadh est soupçonné d'avoir orchestré l'attaque contre l'ambassade des Etats-Unis le 14 septembre 2012 à Tunis, qui a fait quatre morts parmi les assaillants. Le magistrat souligne dans son courrier que le chef de la mouvance tunisienne Ansar al-Charia est recherché "pour homicide volontaire avec préméditation, pour complot contre la sécurité intérieure du pays, pour une attaque contre la sécurité extérieure de l'Etat" ainsi que la formation d'un groupe "en vue de commettre un acte terroriste" en Tunisie et à l'étranger. Le rédacteur en chef de Mosaïque-FM, Néji Zairi, a dénoncé cette décision et promis d'en faire appel, estimant que la liberté d'expression était de plus en plus restreinte en Tunisie. "Par respect pour la justice nous n'allons pas diffuser l'interview, mais la liberté d'expression en Tunisie n'est pas totale et l'espace se resserre chaque jour un peu plus", a-t-il jugé. La radio avait annoncé dimanche qu'elle diffuserait le lendemain un entretien exclusif avec Seif Allah Ibn Hussein, alias Abou Iyadh. L'intéressé y revient sur sa cavale, sa position vis-à-vis des islamistes du parti Ennahda au pouvoir ainsi que les récents affrontements impliquant des militants jihadistes présumés et les forces armées près de la frontière algérienne.