"Dieu punira Bachar et les siens pour avoir transformé nos jardins publics en cimetières" lance Mohammad Assad. Il se recueille, un exemplaire du Coran entre les mains, sur la tombe de son fils aîné près d'une balançoire dans un parc de Deir Ezzor, dans l'est syrien. Hommes, femmes, enfants, combattants parfois tout juste sortis de l'adolescence: le Parc El-Machtal accueille chaque jour de nouvelles victimes du conflit qui déchire la Syrie depuis qu'un soulèvement contre le régime du président Bachar al-Assad lancé il y a deux ans s'est transformé en lutte armée. Oum Mohammad, elle, pleure son fils de 11 ans, tué par un bombardement. "Je viens tous les jours du lever du soleil jusque vers 16h pour être avec mon petit. C'est une façon de rester à ses côtés... Je l'accompagne, je lui dépose des versets du Coran et je parle avec lui". Le garçonnet a été tué par des éclats d'artillerie alors qu'il jouait devant le domicile familial avec un de ses meilleurs amis, tué lui aussi. "Il était mon sourire, ma motivation pour sourire chaque jour au milieu de cette guerre et maintenant il est mort", se lamente cette mère, se griffant le visage avec les ongles, avant d'insulter le régime Assad. "Depuis neuf mois, tout ce qu'on a reçu de la part du gouvernement de Syrie, ce sont des bombes et encore des bombes", ironise le fossoyeur, Abdelrazzak. "Mes enfants ne peuvent sortir car c'est trop dangereux. Cela fait neuf mois qu'ils sont cloîtrés à la maison car j'ai dû enterrer tellement d'enfants de mes propres mains, que je ne veux pas avoir à le faire avec les miens", soupire-t-il. "Je n'aurais jamais pensé que le jardin où jouaient mes enfants finirait par etre transformé en cimetière", dit-il, désignant une multitude de monticules de terre, certains ornés de quelques fleurs en plastique.