Règlement de compte - Rien ne va plus du côté de l'opposition syrienne, après que son chef, Ahmed Moaz al-Khatib, eut annoncé, hier, dimanche, sa démission. Ainsi, la principale composante de la rébellion a tôt fait de désavouer le «Premier ministre» rebelle, tant cela illustre publiquement la difficulté des opposants à unir les rangs face au régime de Bachar al-Assad. Ces annonces, coup sur coup, montrent aussi l'âpre rivalité des parrains des opposants, en particulier le Qatar et l'Arabie saoudite, qui entendent garder la main sur ceux qui pourraient un jour parvenir au pouvoir en cas de chute de l'actuel Président, selon des sources politiques. A la tête depuis novembre de la Coalition nationale de l'opposition, groupe reconnu comme le représentant légitime du peuple syrien par certains pays et organisations internationales, M. Khatib a annoncé sur sa page Facebook qu'il démissionnait pour «pouvoir œuvrer avec une liberté» qu'il ne pouvait avoir «au sein d'une organisation officielle». Selon un politologue syrien, la crise au sein de l'opposition «illustre la rivalité entre le Qatar, qui s'appuie sur les Frères musulmans et est opposé à tout compromis avec le régime, et l'Arabie saoudite et les Etats-Unis, qui souhaitent une solution pour mettre fin à la guerre». De leur côté, des opposants affirment que M. Khatib était hostile à la désignation d'un Premier ministre rebelle par intérim, Ghassan Hitto, élu le 18 mars. Il reprochait «notamment au Qatar, de vouloir contrôler l'opposition» et d'avoir imposé l'élection de M. Hitto, soutenu par les Frères musulmans, a dit l'un d'eux. M. Hitto, élu à Istanbul par 35 voix sur 49 après de difficiles discussions à huis clos, s'est rendu, hier dimanche, dans la province d'Alep, où certains secteurs sont aux mains des rebelles, pour des entretiens avec des représentants du Conseil rebelle local. L'Armée syrienne libre (ALS) a, pour sa part, clairement annoncé son refus de M. Hitto. «Nous ne le reconnaissons pas comme Premier ministre car il n'a pas été choisi par consensus», a déclaré Louaï Moqdad, un responsable de l'ASL. Selon Ahmad Kamel, un membre de la Coalition de l'opposition, «les membres de l'Assemblée générale de la Coalition n'ont pas encore accepté cette démission et quelques-uns ont demandé à M. Khatib de retourner à son travail». Cette assemblée doit accepter la démission pour qu'elle devienne effective. La communauté internationale reste divisée sur le conflit et vendredi, les pays européens ne sont pas parvenus à s'accorder sur l'envoi d'armes aux rebelles, réclamé par Londres et Paris. D'autant que la Russie s'y ait fermement opposée en déclarant que cela allait à l'encontre du «droit international». Le siège de la Syrie attribué à l'opposition Le siège de la Syrie à la Ligue arabe a été attribué officiellement à l'opposition, a déclaré ce matin un haut responsable de la Ligue arabe, à la veille du Sommet arabe de Doha. Ainsi, et en dépit des déchirements qui secouent cette opposition, les réserves émises, par notamment l'Algérie et l'Irak n'ont pas eu d'effets. Alger avait en effet émis des réserves sur la question, expliquant sa position par le fait que les contours de cette opposition ne sont pas à ce jour «clairement définis». Dans une déclaration à la presse, hier, à Doha, à l'issue de la séance du matin de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères en prévision du Sommet arabe, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a précisé que cette position «participe avant tout de la volonté de l'Algérie de respecter les lois qui sont la référence en matière d'action arabe commune», notamment la charte de la Ligue arabe. M. Medelci estime, en outre, qu'il ne s'agissait pas d'une question cruciale, le plus important à l'heure actuelle étant, a-t-il dit, de rassembler les Syriens, toutes tendances confondues, autour de la table du dialogue pour qu'ils s'entendent sur les moyens à même de restaurer la paix et la sécurité en Syrie. Qualifiant la situation actuelle en Syrie d'«inacceptable», le ministre a réaffirmé la condamnation algérienne de la violence, d'où qu'elle émane.