Le président syrien Bachar al-Assad doit exposer mercredi soir sa vision de la situation dans son pays, ravagé depuis deux ans par un conflit sanglant et qu'il ne contrôle plus dans sa totalité. Dans une interview menée par la chaîne fficielle Al-Ikhbariya et diffusée le jour de l'Indépendance marquant la fin de la présence française en 1946, il jouera sur la corde nationaliste en utilisant cet évènement pour fustiger le soutien des pays occidentaux et arabes aux rebelles qui cherchent à le renverser. "Je ne peux pas croire que des centaines (de rebelles) entrent avec leurs armes en Syrie alors que la Jordanie est capable d'arrêter une seule personne portant une arme légère pour aller résister (contre Israël) en Palestine", dit-il dans un extrait publié sur la page Facebook de la présidence. Depuis plusieurs semaines, les insurgés se sont emparés d'une bande de 25 km dans le sud de la Syrie à la lisière de la Jordanie et Damas a accusé son voisin d'entraîner les rebelles et de les laisser entrer avec leur armes en Syrie pour combattre l'armée régulière. Diffusant des images de l'époque du mandat français (1920-1946), la télévision d'Etat a déjà donné le ton faisant un parallèle entre les "héros de l'Indépendance" et l'armée syrienne d'aujourd'hui."La commémoration du retrait du dernier soldat français est une page éclatante dans l'Histoire de la Syrie et les héros de notre valeureuse armée mènent aujourd'hui le combat contre le terrorisme", dit-elle. Sur le même thème, le ministère syrien des Affaires étrangères s'en est pris à la France qui avait critiqué la veille une amnistie partielle décrétée par M. Assad. "Le président Assad a promulgué ce décret la veille du jour de l'Indépendance qui marque la fin de l'occupation française et le ministère desAffaires étrangères demande au gouvernement français de cesser de s'immiscer dans les affaires intérieures syriennes", selon un communiqué cité par l'agence officielle Sana.La France est un des principaux pays occidentaux à soutenir la rébellion, Damas soutenant que le conflit perdure à cause du soutien étranger fourni aux insurgés. "Le peuple syrien ne permettra pas à la France de revenir dans le pays par le biais du soutien aux groupes terroristes et en conspirant pour faire couler le sang syrien. La France est mal placée pour juger la politique syrienne", estiment les Affaires étrangères. La Russie, alliée indéfectible de Damas, a qualifié pour sa part de "négatif" le rôle joué par le groupe des Amis de la Syrie, à trois jours d'une nouvelle réunion de ce groupe à Istanbul."Pour l'instant, nous considérons que ce processus contribue d'une façon négative aux accords de Genève" portant sur les principes d'une transition en Syrie, a dit à la presse le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, au terme d'un entretien avec son homologue turc Ahmet Davutoglu dans cette ville. Sur le front, au moins 12 personnes, dont deux enfants, ont été tuées mercredi par des tirs de l'armée syrienne contre la localité de Boueida, dans l'est de la province centrale de Homs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants, avocats et médecins à travers le pays. Des combats au sol faisaient aussi rage dans cette région, où le régime "s'appuie sur des combattants loyaux au (mouvement chiite libanais) Hezbollah et des forces de défense (supplétifs de l'armée syrienne, ndlr) pour chasser les rebelles des zones rurales", selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. "L'armée tente d'encercler Qousseir et de défaire les insurgés dans la campagne (de Homs)", a-t-il ajouté. Cette région est stratégique car elle se trouve dans le centre du pays et relie Damas au littoral. Jeudi, selon un bilan provisoire de l'OSDH, 49 personnes sont mortes, dont 18 civils, 18 rebelles et 13 soldats. La veille, la violence a coûté la vie à 99 personnes, dont 41 civils, selon l'OSDH .