Droukdal a donné l'ordre d'emprisonner tout personne soupçonnée de vouloir se repentir. « Puisse Dieu nous préserver de ce qu'on a été et de ce qu'on a fait ». C'est avec ces termes que le nommé ‘H. Rabah', 51 ans, plus connu sous le nom de ‘Abou Hatem' ancien membre de Saryate ‘Lekata' entame son discours. Nous sommes allé le voir chez lui dans la Commune de Lekata, à l'est de Boumerdès où nous avons eu un court entretient dans lequel il nous parla des méthodes de l'organisation dans l'interprétation des textes coraniques. Cette organisation qui empêche les simples terroristes d'être en contact avec les ulémas. Ennahar : Quand avez-vous rejoint les groupes terroristes et comment ? Abou Hatem : En 2001 et dans des conditions très difficiles. J'avais un proche qui était chef d'une Saryate, il venait souvent chez lui. Leur maison était à côté de la notre et naturellement il était en contact direct avec moi. Je ne partageais pas ses convictions, mais il tenta de me convaincre de les rejoindre au maquis, me le décrivant comme le paradis et m'assurant l'être bien accueilli car il était émir de la Saryate. Ennahar : Avez-vous trouvé ce qu'il vous a promis ? Abou Hatem : Pas du tout. Au début, j'avais refusé, malheureusement mon cousin m'a impliqué dans une affaire de soutien aux terroristes. Alors je me suis trouvé obligé de les rejoindre. Le début m'avait paru normal, vu que je n'étais pas chargé de mission excepté la garde et le ravitaillement, mais cela n'a pas duré trop longtemps. Ennahar : N'avez-vous pas essayé de vous enfuir et rejoindre votre famille ? Abou Hatem : C'était impossible pour deux raisons. La première : l'émir de la Saryate avait ordonné de tuer toute personne qui penserait à se repentir ou retourner aurpès des ‘traîtres' comme ils les appelle. La deuxième raison : il me rapportait des informations selon lesquelles j'ai été condamné par contumace à la prison à vie une fois et à la peine capitale aussi. J'ai alors renoncé à l'idée de me repentir, ajouter à cela que mon cousin connaissait ma famille et pouvait me trouver et se venger même de ma famille. Ennahar : Comment vous comportiez vous avec les autres terroristes, comment était leur situation ? Abou Hatem : Nous étions 43 éléments et un certain ‘Moh Jack' était chargé d'exécuter les peines de mort émises à l'encontre des éléments soupçonnées de vouloir se repentir. Il ne craignait personne, pas même mon cousin qui était émir de Saryate. Il avait des relations directes avec l'émir national Abdelmalek Droukdal. Moh Jack rendait des comptes directement à l'émir national. Ennahar : Avez-vous assisté à des exécutions de peines contre des éléments ? Abou Hatem : Je me rappelle une fois, au mois de février 2006, un élément qui avait refusé de commettre une opération suicide, avait été exécuté. Mon cousin avait informé Moh Jack du refus, le mufti donna l'ordre et l'élément fut mitraillé. Ennahar : Quel réaction ont les terroristes lorsque l'un d'eux est exécuté de cette manière ? Abou Hatem : les émirs préméditaient en se trompant sur le compte de leurs éléments afin de créer la terreur au sein des groupes et les obligés à obéir aveuglement. Moi personnellement, si je n'étais pas sous la coupe de mon cousin, il m'aurait ordonné de commettre une opération. Dans ce cas, j'aurais été obligé, soit d'exécuter son ordre, soit refuser en acceptant les conséquences. Ennahar : Comment avez-vous quitté les activités terroristes ? Abou Hatem : Lorsque mon cousin était à la tête de la Saryate, j'étais tranquille, mais lorsqu'il a été tué par les forces de sécurité à la fin de l'année 2007, les choses sont devenues difficile pour moi. J'avais perdu cette immunité dont je jouissais auparavant. J'ai alors commencé à réfléchir à rentrer chez moi, mais les choses n'étaient pas si faciles. L'idée de me repentir est devenue plus forte lorsque j'ai été muté vers ‘Saryate Lakhdaria' dans le but de m'éloigner de chez moi. Malgré la surveillance renforcée autour de moi, j'ai pu informer ma famille de ma décision. Mon frère a informé les services de sécurité du lieu de rendez vous. Nous étions 11 éléments mutés vers la nouvelle Saryate. Les forces de sécurité ont tendu une embuscade dans laquelle un violent accrochage s'est déclenché. Mes compagnons se sont enfuis alors que moi, j'ai profité de l'occasion et je me suis rendu aux services de sécurité. Ennahar : Qu'avez-vous envie de dire aux autres terroristes qui sont encore au maquis ? Abou Hatem : Que puis-je leur dire, sinon que ce qu'ils commettent contre leur peuple en effusant le sang des innocents est un crime. Je sais que la majorité des éléments terroristes ont été leurrés, il y a toujours de l'espoir en leur retour vers la paix et la réconciliation nationale. Je suis un exemple vivant qui prouve que la réconciliation nationale n'est pas seulement un slogan pour attirer les éléments terroristes, mais une réalité.