Deux organisations internationales de défense des droits de l'Homme, Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), ont dénoncé vendredi dans deux rapports distincts les crimes et exactions commis par l'armée et les groupes armés au Mali depuis janvier. A l'issue d'une récente mission au Mali, Amnesty affirme que "des civils font partie des dizaines de personnes tuées, torturées et disparues, y compris en détention, depuis le lancement de l'intervention de l'armée française il y a cinq mois" contre les jihadistes et les rebelles touareg qui ont occupé le nord du Mali en 2012. "Le bilan des forces de sécurité maliennes en matière de droits de l'Homme est simplement terrible", selon Gaëtan Mootoo, qui faisait partie de la mission: "Elles continuent à violer les droits de l'Homme, sans crainte apparente d'en être tenues responsables". Amnesty "s'inquiète" que l'armée française et celles de pays africains également présentes au Mali "aient remis des prisonniers aux autorités maliennes alors qu'elles savaient, ou auraient dû savoir, que ces prisonniers risquaient d'être torturés ou maltraités". Elle accuse également les groupes islamistes armés, dont le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), "d'exécutions sommaires" et "d'enlèvements" de civils accusés de collaboration avec les armées française et malienne. Le Mujao et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) sont en outre accusés "d'abus sexuels" contre des femmes et de jeunes filles, et d'avoir recours aux enfants soldats. Le constat est similaire dans le rapport de HRW qui note que "depuis le début du mois de mai, les militaires maliens ont commis de graves exactions, notamment des tortures, contre au moins 24 hommes, rebelles présumés ou simples villageois, dans la région de Mopti", dans le centre du Mali, essentiellement des Touareg. HRW souligne que, début juin, les forces du MNLA ont arrêté dans la région de Kidal (nord-est) "une centaine de personnes, dont la plupart étaient des hommes à la peau plus sombre appartenant à des groupes ethniques non touareg". "Des témoins ont affirmé à HRW que les forces du MNLA avaient dévalisé, menacé et, dans de nombreux cas, violemment brutalisé ces hommes". "Les exactions commises récemment par les deux camps et la reprise des combats près de Kidal, mettent en évidence la nécessité urgente que les militaires maliens et les combattants rebelles respectent les lois de la guerre", selon Corinne Dufka, chercheuse à HRW.