Les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont annoncé hier qu'ils avaient demandé au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d'ouvrir une enquête sur “les crimes qui auraient été commis par l'armée malienne". “Les avocats du MNLA ont demandé au procureur de la CPI d'enquêter sur les crimes qui auraient été commis par l'armée malienne à l'encontre des membres des groupes ethniques peuls, touareg, arabes, et songhaïs dans les environs de Tombouctou, Douentza, Gao, Sévaré, Boni, et Konna", a indiqué le mouvement dans un communiqué reçu à Paris. “Les soldats (maliens) se sont livrés à des actes de torture, des exécutions sommaires et des disparitions forcées" dans ces villes, a affirmé le MNLA. Les rebelles touareg dénoncent aussi les “appels à la haine raciale relayés par les sites Internet maliens et la presse pro-gouvernementale", citant notamment le journal l'Express de Bamako, qui avait publié le 4 février une liste de 31 membres de la direction du MNLA, qualifiés de “traîtres à abattre pour la république". Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), la Gambienne Fatou Bensouda, a mis en garde le 28 janvier le Mali en raison d'allégations concernant des exactions qui auraient été commises par son armée dans le cadre du conflit qui déchire ce pays et elle a demandé une enquête des autorités maliennes sur le sujet. Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, des soldats maliens ont commis des exactions contre des personnes accusées d'avoir collaboré avec les islamistes armés, particulièrement au sein de communautés de Maliens à la peau claire, dont les Touareg et les Arabes. Le procureur de la CPI avait annoncé le 16 janvier avoir ouvert une enquête sur des crimes de guerre présumés commis par divers “groupes armés" depuis janvier 2012 au Mali. Le Mali, qui avait ratifié le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI, dès août 2000, avait déféré à la cour la situation sur son territoire “depuis le mois de janvier 2012". La justice malienne a émis début février des mandats d'arrêt contre les chefs du MNLA, notamment accusés de “terrorisme" et de “sédition". La rébellion touareg du MNLA avait lancé l'offensive dans le nord du Mali en janvier 2012, avant d'en être ensuite totalement évincée par ses anciens alliés islamistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Lors de cette offensive, des exactions avaient été commises, en particulier à Aguelhok, où une centaine de soldats et de civils maliens sont exécutés : certains sont égorgés, d'autres abattus d'une balle dans la tête. Bamako a alors accusé le MNLA et Aqmi, qui ont pris ensemble la localité le 26 janvier. Le MNLA, qui contrôle en partie la ville de Kidal, dans l'extrême nord-est malien, où il affirme travailler avec l'armée française, a officiellement renoncé à sa revendication d'indépendance et se dit prêt à négocier avec Bamako. R. I./Agences