Le patron de la chaîne tunisienne privée Ettounsiya TV Sami El Fehri a comparu vendredi à Tunis avec six anciens responsables pour détournement de fonds publics sous le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. Incarcéré depuis août, M. Fehri risque 10 ans de prison pour "préjudices financiers causés à la télévision publique" au profit de sa société de production Cactus Prod. Cinq anciens PDG de la télévision nationale, incarcérés depuis janvier, et Abdelwaheb Abdallah, puissant conseiller de Ben Ali ayant eu la haute main sur les médias et désigné par l'un des ex-PDG comme responsable des détournements de fonds, ont comparu pour les même délits. Le procès s'est ouvert avec une brève audience au cours de laquelle la défense a demandé la libération conditionnelle des prévenus. Le tribunal devait désormais se prononcer sur cette demande et fixer la date de la prochaine audience. En avril, le parquet avait déjà refusé de libérer Sami Fehri en dépit d'une décision en ce sens de la Cour de Cassation, suscitant une querelle juridico-politique et des accusations d'ingérence du gouvernement dirigé par les islamiste d'Ennahda. M. Fehri, qui a fondé sa chaîne en 2011, était auparavant producteur, associé de Belhassen Trabelsi, le beau-frère de Ben Ali aujourd'hui en fuite au Canada, et dont les parts (51%) dans Cactus Prod ont été placées sous administration judiciaire. L'été dernier, l'arrestation du patron d'Ettounsiya avait fait scandale car elle était intervenue juste après qu'il ait annoncé la suspension d'une émission de satire politique sur le modèle des Guignols français en dénoncçant des pressions du pouvoir. Ettounsyia TV est confrontée depuis une semaine au rachat par un homme d'affaires tunisien également chef d'un club de football et d'un parti politique, de ses fréquences de diffusion par satellite. Elle diffuse désormais ses programmes sur les fréquences d'une autre chaîne privée tunisienne.