Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a dénoncé mardi à Alger des propos "absolument inadmissibles et irresponsables" émanant du Maroc suite à un appel présidentiel algérien au respect des droits de l'Homme au Sahara Occidental. Dans un discours lu en son nom lundi par le ministre algérien de la Justice Tayeb Louh, le président Abdelaziz Bouteflika avait jugé "plus que jamais d'actualité" la mise en place d'un mécanisme international de surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental. L'agence officielle marocaine MAP a alors accusé Alger, qui soutient les indépendantistes sahraouis, de chercher à "servir ses desseins hégémoniques dans la région" et de "brouiller les cartes" pour "détourner l'attention des graves violations de ces droits qui se produisent quotidiennement sur (son) territoire". Auparavant, le parti Istiqlal, ex-membre du gouvernement marocain, avait demandé samedi aux autorités "de récupérer les territoires du sud-est que l'Algérie (avait) pris de force". Mardi, M. Lamamra a appelé les "frères marocains à la retenue" et insisté: "Cet incident ainsi que les déclarations faites par un chef de parti politique marocain ouvertement et outrancièrement expansionnistes, sont absolument inadmissibles et irresponsables". La déclaration de M. Bouteflika constituait seulement "un rappel de la position bien connue de l'Algérie", a souligné M. Lamamra lors d'une conférence de presse. Le Maroc, qui occupe le Sahara Occidental depuis 1975, propose une large autonomie sous sa souveraineté. Mais les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger, réclament un référendum d'autodétermination. Cette tension verbale algéro-marocaine intervient alors que l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies au Sahara Christopher Ross vient d'achever une mission dans la région, en prévision de nouvelles consultations ce mercredi du Conseil de sécurité sur cette question.