L'audition des accusés présentés devant le tribunal criminel d'Alger dans l'affaire dite "Sonatrach 1" et impliqué dans le marché relatif au système de contrôle et de surveillance électronique du complexe industriel du sud, a été poursuivie mardi par la défense, la partie civile et le procureur général. Le juge Reggad a d'abord entendu El Hachemi Meghaoui, ex-PDG du Crédit populaire d'Algérie qui était consultant chez Contel de 2007 à 2010 et souligne qu'il se contentait de s'occuper des procédures de gestion et des procédures comptables. Au profit de Funkwerk, il dit qu'il s'occupait des opérations du commerce extérieur. Megahouai a eu aussi à s'expliquer sur son compte en banque mais il se demande pourquoi les enquêteurs n'ont pas demandé d'informations sur les comptes des autres associés de Contel. Dans ses réponses, il assure qu'il n'a aucun lien avec le contrat de Sonatrach. Ce fut ensuite à Meghaoui Yazid d'être entendu et de justifier la provenance des montants sur son compte bancaire au titre de consultant chez Contel à 8.000 euros par mois. Mais certains versements dépassent ce montant ce qu'il justifie en invoquant des primes de performance de 38.000 euros en deux ans. Après ces auditions, le juge a longuement interrogé Amar Zenasni, responsable du transport par canalisations, sur le projet de GK3 de 756 km reliant Hassi R'Mel à El Tarf qui a été inscrit par Sonatrach pour approvisionner l'Est de l'Algérie en gaz. Selon les explications de Zenasni, la division transport a lancé un appel d'offres pour réaliser le projet et plus de dix sociétés ont soumissionné y compris une société algérienne, filiale de Sonatrach qu'il présidait. Mais seule SAIPEM a maintenu l'offre en juin 2008. Or, Zenasni n'a été PDG adjoint que le 6 novembre 2008. "J'ai pris le train en marche", a-t-il souligné Zenasni mais il a constaté que la situation était exceptionnelle car le projet avait un caractère d'urgence et il fallait retenir le mieux-disant et SAIPEM a proposé 688 millions de dollars (49 milliards DA) pour plus de 350 km de canalisation. « Je ne voulais pas signer le contrat car le montant était trop élevé », dit Zenasni. Néanmoins, le ministre de l'Energie de l'époque lui a conseillé de ne pas annuler ce marché car rien ne garantit que les prix de réalisation n'aillent pas augmenter et qu'il fallait seulement négocier avec SAIPEM pour réduire le montant. « C'est à ce moment qu'on est entré dans le gré à gré et qu'on a obtenu une proposition de réduction 15% pour économiser 103 millions de dollars alors que l'ex-ministre demandait 12,5 % », a-t-il poursuivi. Mais avec un montant de plus de 500 millions de dollars " je ne pouvais pas signer le contrat et j'ai demandé une délégation de signature sans que l'ex-PDG ne demande de favoriser le choix d'une quelconque société ", selon son témoignage. Le juge lui demande s'il a conclu un accord en violation du code de marché et Zenasni invoque le caractère exceptionnel du projet alors qu'il est poursuivi pour "association de malfaiteurs, passation de marchés en violation de la législation et du règlement en vigueur et blanchiment d'argent. A propos de l'accusation de dilapidation de deniers publics, le juge demande pourquoi il n'y a pas eu un autre appel d'offres pour espérer une économie du montant du contrat. Si c'était le cas, Sonatrach n'aurait pas pu négocier, dit Zenasni mais le juge considérait que cela aurait au moins été légal et non contraire au code des marchés "ce qui vous a conduit au tribunal". Le juge continue de l'interroger et lui demande s'il savait que le fils de l'ex-PDG était consultant chez SAIPEM. " Non", répond Zenasni. " Si vous le saviez, auriez vous signé ?" "Jamais", a-t-il répondu. Meziane Mohamed Reda est ensuite interrogé sur son contrat avec SAIPEM (sans aucune trace écrite) dans une affaire 92 millions de dollars à l'occasion d'un projet avec Sonatrach. Tulio Orsi, ex-PDG de la Saipem l'a chargé d'intercéder auprès de son père qui lui a opposé une fin de non-recevoir en 2006. En octobre 2006, il a commencé en tant que consultant à SAIPEM à 140000 DA par mois pendant trois ans, soit jusqu'en décembre 2009 alors que le contrat avec SAIPEM était signé en juin de la même année. « J'ai reçu un prêt de 4 millions DA de la part de SAIPEM en 2009 sans signer aucun document et par simple confiance et je n'ai pas remboursé car j'étais en prison », admet Meziane Mohamed Reda. A propos du fait que ce denier a une proportion à travailler dans des sociétés liées à Sonatrach, il souligne que même les enfants des PDG ayant succédé à son père travaillent dans des sociétés liées à elles. Toutes les sociétés algériennes travaillent avec Sonatrach et « je n'ai pas informé mon père que je travaillais avec SAIPEM », ajoute-t-il. Les séances se poursuivront mercredi matin.