ALGER - La création de centres d'hébergement d'urgence spécialisés se révèle aujourd'hui "plus qu'impérative" pour que puisse être assurée une meilleure prise en charge des personnes assistées et, plus précisément, les malades mentaux errants, a plaidé samedi le directeur général du SAMU social de la wilaya d'Alger, Mustapha Alilat. Ces centres spécialisés "permettraient à la fois d'assurer une meilleure prise en charge des personnes assistées, les malades mentaux en premier lieu, puis aux fille-mères, aux mineurs et aux sans-abris, et faciliteraient la tâche au personnel médical composé de médecins, de psychologues et d'infirmiers, chargés de leur suivi", a-t-il expliqué. Il a souligné par ailleurs que le malade mental errant constituait "un vrai problème de santé publique et de société" car il fait face à un double rejet social et sanitaire, sans compter la démission de la famille et de la société. Le malade se retrouve, de ce fait, "livré à lui même" ne prenant plus ses médicaments et sa situation "empire de plus en plus dans la misère la plus totale", se désole ce responsable. Soulignant que la responsabilité incombe à toute la société, il a estimé qu'il était "temps pour tous les acteurs sociaux à tous les niveaux, institutions, hôpitaux, centres d'hébergement, d'agir dans le même sens" puisque actuellement, a-t-il constaté, "chacun tire vers un sens". "Livrées à elles-mêmes et abandonnées par leurs propres parents, ces personnes qui ne jouissent pas de leurs facultés mentales, représentent un réel danger pour leur propre sécurité et pour celle de la communauté", a-t-il expliqué. Ce problème est encore plus aigu dans d'autres wilayas ou des centres d'hébergement d'urgence n'existent pas, d'où, a-t-il préconisé, la nécessité de la création de telles structures au niveau national. "Ce fléau ne cesse de prendre de l'ampleur à Alger et il faudra le prendre en charge avant que les choses n'empirent", a averti M. Alilat. La plupart de ces malades, qui viennent le plus souvent d'autres wilayas, transitent par des établissements hospitaliers où après une courte période de prise en charge les quittent une fois leur état jugé "stable". Nombre d'entre eux se retrouvent ainsi dans la rue, loin de leurs parents, de leur ville d'origine et se retrouvent du coup sans moyens de subvenir à leurs besoins ne sachant où aller. Par ailleurs, M. Alilat a estimé que beaucoup de ces malades étaient remis aux services de psychiatrie des hôpitaux dans les cas d'atteinte à l'ordre public, mais au bout de quelques jours ils sont relâchés en raison du problème de surcharge auquel sont confrontés ces établissements de santé. Il faudrait, selon lui, des structures mixtes spécialisées à la fois sanitaires et sociales ou "centres de proximité", qui fournissent pour le malade, à la fois un traitement social et sanitaire. "Il faudrait lui trouver un endroit où il peut évoluer, en présence de sa famille, la société et l'hôpital, et que chacun joue son rôle", a-t-il préconisé. Il a estimé également que seules des structures spécialisées pouvaient prendre en charge les malades mentaux abandonnés à leur propre sort, particulièrement ceux qui peuvent être sujets à des crises de démence. Il a déploré, à ce titre, "l'absence de solidarité de certains parents envers leurs proches, aliénés mentaux", qui n'apporteraient pas au malade l'assistance nécessaire. A cet égard, le responsable rappelle que les handicapés mentaux à 100% perçoivent pourtant une pension mensuelle versée directement à leurs parents ou proches, uniquement sur présentation d'une procuration ou d'un document justifiant le lien de parenté avec le malade. M. Alilat a rappelé les options de placement de ces personnes sous la forme de placement d'office (forme à la fois administrative et sanitaire qui fait que la personne dangereuse est placée dans un centre de soins) et dans des hôpitaux pour "personnes agitées".