TUNIS - Une enquête judiciaire pour "acquisition illégale de biens" et "placements financiers illicites à l'étranger" a été ouverte en Tunisie contre le président déchu Zine El Abidine Ben Ali et sa famille, a annoncé mercredi l'agence officielle TAP. L'enquête est ouverte pour "l'acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers", les "placements illicites à l'étranger" et "l'exportation illégale de devises", a précisé l'agence citant une "source autorisée". Elle vise nommément l'ancien chef d'Etat, sa femme Leila Trabelsi, "les frères et gendres de Leila Trabelsi, les fils et les filles de ses frères". Le clan Ben Ali-Trabelsi est accusé d'avoir mis en coupe réglée le pays depuis 23 ans. Le président déchu a abandonné le pouvoir vendredi et s'est enfui en Arabie Saoudite, à l'issue d'un mois de révolte populaire. Avant même cette décision du procureur de la République tunisienne, la France avait, quelques heures après l'annonce de la fuite du chef de l'Etat, assuré qu'elle avait pris "les dispositions nécessaires" pour bloquer d'éventuels "mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France". La Suisse a emboîté le pas mercredi en décidant de bloquer d'éventuels fonds appartenant au président tunisien et à son entourage dans la Confédération helvétique. L'objectif de ces blocages, qui courent sur trois ans, est d'éviter que "d'éventuels avoirs acquis illicitement ne soient transférés à l'étranger avant que la Tunisie n'aie la possibilité de demander une entraide judiciaire en matière pénale pour obtenir la restitution de ces avoirs", selon la présidente suisse, Micheline Calmy-Rey. "On sait que les membres de l'entourage de M. Ben Ali, qui détenaient des positions dominantes dans l'économie et la finance, ont fait un certain nombre de voyages en Suisse ces derniers mois", a argumenté Mme Calmy-Rey qui occupe également le poste de ministre des Affaires étrangères.