Des heurts ont eu lieu dans le centre du Caire avec plusieurs centaines de manifestants ainsi que, plus à l'est, dans la ville portuaire de Suez où 2.000 personnes se sont rassemblées, demandant le départ de Hosni Moubarak, après vingt trois ans au pouvoir . Au moins 500 personnes ont été arrêtées mercredi en Egypte après la décision des autorités d'interdire les manifestations contre le président Hosni Moubarak, a-t-on appris auprès des services de sécurité, après les manifestations de mardi émaillées de violences qui ont fait quatre morts -3 manifestants et un policier-, Le "Mouvement du 6 avril", un groupe de militants pro démocratie, a appelé à de nouveaux rassemblements mercredi "pour demander le droit de vivre, la liberté et la dignité". Le ministère de l'Intérieur a néanmoins averti "qu'aucun acte de provocation, rassemblement de protestation, marche ou manifestation ne sera permis". Des militants, très actifs auprès de jeunes via les réseaux sociaux sur Internet, ont indiqué qu'ils ne tiendraient pas compte de cet avertissement, et que des rassemblements pourraient aussi avoir lieu. Les manifestations anti-gouvernementales de mardi, qui ont mobilisé des milliers de personnes à travers tout le pays, sont les plus importantes du genre survenues en Egypte depuis m'arrivée au pouvoir de M. Moubarak en 1981. Dominées par des slogans demandant le départ de M. Moubarak, 82 ans, elles se sont inspirées de la révolte tunisienne qui a conduit au départ du président Zine El Abidine Ben Ali mi-janvier. "Des milliers de personnes manifestent contre la pauvreté, le chômage, l'inflation et la corruption, et demandent le départ du gouvernement", titre le quotidien indépendant al-Masri al-Yom. La bourse du Caire a clôturé en baisse de 6,14%, et la livre égyptienne a plongé dans la journée à 5,83 livres pour un dollar, son plus bas niveau depuis janvier 2005. L'idée des manifestations a été fortement relayée, en particulier auprès des jeunes et des classes moyennes, à travers les réseaux sociaux. Le site de micro blogs Twitter a dit avoir été bloqué en Egypte depuis mardi après-midi, ainsi que les applications liées à ce service. Le site Internet suédois Bambuser, qui permet de visionner directement "en flux" sur l'Internet des vidéos filmées par téléphone mobile ou Webcam, a aussi été bloqué. Les appels se sont multipliés de l'étranger demandant à l'Egypte d'engager des réformes répondant aux attentes de sa population, et soulignant par ailleurs l'importance de son rôle modérateur entre le monde arabe et Israël. Le gouvernement devrait être "sensible" aux aspirations de son peuple, a jugé la présidence américaine, en encourageant Le Caire à "mener des réformes politiques, économiques et sociales". L'Union européenne a exhorté l'Egypte à écouter les demandes de changement politique. Berlin s'est déclaré "très inquiet" de la situation, alors que Paris a déploré les morts et rappelé être favorable à "plus de démocratie dans tous les Etats". L'Italie a souhaité que M. Moubarak continue "à gouverner avec sagesse et clairvoyance". Israël, par la voix de son vice-Premier ministre Sylvan Shalom, a espéré que les troubles n'auront pas d'impact sur ses relations avec l'Etat hébreu. L'Egypte est le premier pays arabe à avoir reconnu Israël. Avec plus de 80 millions d'habitants, l'Egypte est le pays le plus peuplé du monde arabe, et plus de 40% de sa population vit avec moins de deux dollars par jour et par personne. Plusieurs immolations par le feu ont eu lieu ces derniers jours en Egypte, rappelant celle d'un jeune Tunisien qui avait déclenché la révolte dans son pays.