OUAGADOUGOU - Le film "Pégase", du Marocain Mohamed Mouftakir, a remporté samedi soir l'Etalon d'or de Yennenga, plus haute récompense du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), le grand rendez-vous du cinéma africain. Le réalisateur a reçu le trophée des mains du président burkinabè Blaise Compaoré lors de la cérémonie de clôture du 22e Fespaco, qui se tenait dans le plus grand stade de la capitale en présence d'environ 20.000 personnes. "Le prix c'est une fierté, c'est une reconnaissance. C'est encourageant", a déclaré à la presse le cinéaste en remerciant le jury, présidé par l'universitaire gambien Cham M'Baye. Situé dans la campagne marocaine, "Pégase", premier long métrage d'un jeune cinéaste, est une histoire de viol et d'inceste, le drame de Rihanna, une jeune fille d'une vingtaine d'années manipulée par son père qui lui fait croire qu'elle est enceinte d'un démon. Dix-huit films étaient en compétition dans la catégorie long métrage. L'Etalon d'argent a été décerné à "Un homme qui crie", du Tchadien Haroun Mahamat Saleh, qui avait reçu le Prix du jury à Cannes en 2010 pour ce film. La comédie sentimentale "Le mec idéal" de l'Ivoirien Owell Brown a décroché l'Etalon de bronze. Le Prix du jury est revenu à "Notre étrangère" de la Burkinabè Sarah Bouyain. Le prix d'interprétation masculine a été remis au Béninois Sylvestre Amoussou, également réalisateur d'"Un pas en avant, les dessous de la corruption", et le prix d'interprétation féminine à Samia Meziane dans "Voyage à Alger" de l'Algérien Abdelkrim Bahloul. Ce dernier a aussi raflé le prix du meilleur scénario pour "Voyage à Alger". "Les amours d'un zombie" d'Arnold Antonin (Haïti) a obtenu le prix de la diaspora africaine. Alors que certains critiques et cinéastes ont été déçus par le niveau de ce Fespaco, M. Compaoré a salué "une victoire pour l'Afrique" et "une production de qualité qui peut intégrer les marchés". "Il faut encourager les cinéastes, créer des partenariats et diversifier les productions", a-t-il dit. La cérémonie était chorégraphiée par la compagnie burkinabè Salia Ni Seydou, et la star de la chanson congolaise Fally Ipupa a "fait le show". Pour cette édition, un nombre record de films, 475, ont été présentés aux organisateurs qui n'en attendaient que 300. Mais ils n'ont retenu que 195 oeuvres, dont 111 en compétition dans les différentes catégories. Pourtant, "au Fonds Sud (organisme français destiné au soutien du cinéma dans les pays du Sud, ndlr), la part des productions africaines est passée de 34% des dossiers retenus pour la période 84-88 à 12% en 2005-2009", a indiqué samedi après-midi le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand, présent à la clôture. Il a annoncé la tenue "avant l'été" d'une conférence sur l'aide au cinéma africain, pour en améliorer la coordination et l'accessibilité. De l'avis général, l'organisation de ce Fespaco était satisfaisante, alors que problèmes d'accréditation et de programmation avaient terni la fête du cinéma africain lors de la dernière édition, en 2009. Le Fespaco reste un festival populaire où les cinéphiles côtoient vedettes et autres invités. Il a été créé en 1969 "par des cinéphiles passionnés et quelques réalisateurs dans le but que le public africain regarde ses propres images et se les approprie", rappelle le cinéaste tunisien Ferid Boughedir.