Distinction n Le film Pégase, du Marocain Mohamed Mouftakir, a remporté, hier, l'Etalon d'or de Yennenga, plus haute récompense du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). «Le prix c'est une fierté, c'est une reconnaissance, c'est un encouragement», a déclaré à la presse le cinéaste en remerciant le jury, présidé par l'universitaire gambien Cham M'Baye. Situé dans la campagne marocaine, Pégase, premier long métrage d'un jeune cinéaste, est une histoire de viol et d'inceste, le drame de Rihanna, une jeune fille d'une vingtaine d'années manipulée par son père qui lui fait croire qu'elle est enceinte d'un démon. Dix-huit films étaient en compétition dans la catégorie long-métrage. L'Etalon d'argent a été décerné à Un homme qui crie, du Tchadien Haroun Mahamat Saleh, qui avait reçu le Prix du jury à Cannes en 2010 pour ce film. La comédie sentimentale Le mec idéal de l'Ivoirien Owell Brown a décroché l'Etalon de bronze. Le Prix du jury est revenu à Notre étrangère de la Burkinabè Sarah Bouyain. Le prix d'interprétation masculine a été remis au Béninois Sylvestre Amoussou, également réalisateur d'Un pas en avant, les dessous de la corruption, et le prix d'interprétation féminine à Samia Meziane dans Voyage à Alger de l'Algérien Abdelkrim Bahloul. Ce dernier a aussi raflé le prix du meilleur scénario. Les amours d'un zombie d'Arnold Antonin (Haïti) a obtenu le prix de la diaspora africaine. La cérémonie de clôture du 22e Fespaco était chorégraphiée par la compagnie burkinabè Salia Ni Seydou, et la star de la chanson congolaise Fally Ipupa. Pour cette édition, un nombre record de films, 475, a été présenté aux organisateurs qui n'en attendaient que 300. Mais ils n'ont retenu que 195 œuvres, dont 111 en compétition dans les différentes catégories. Si certains critiques et cinéastes ont été déçus par le niveau de ce Fespaco, il se trouve que de l'avis général, l'organisation de cette biennale était satisfaisante, alors que des problèmes d'accréditation et de programmation ont terni la fête du cinéma africain lors de la dernière édition, en 2009. Le Fespaco reste un festival populaire où les cinéphiles côtoient vedettes et autres invités. Il a été créé en 1969 «par des cinéphiles passionnés et quelques réalisateurs dans le but que le public africain regarde ses propres images et se les approprie», rappelle le cinéaste tunisien Ferid Boughedir. Une forte participation maghrébine a été enregistrée à la 22e édition du Festival panafricain de Ouagadougou (Fespaco), a indiqué le directeur artistique du festival, Ardiouma Soma. «La participation des pays maghrébins au Fespaco est forte depuis quelques années», a-t-il affirmé, précisant que la présence de l'Algérie et du Maroc est la plus marquée. Parmi les 18 longs métrages en compétition pour l'Etalon d'or de Yennenga, 5 sont proposés par ces deux pays. Dans la catégorie court-métrage, le Maghreb participe également avec 5 films. S'agissant de la qualité de cette participation, Ardiouma Soma, l'a qualifiée de«bonne». Il a par ailleurs noté la participation de plus en plus importante des pays de l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Est (Kenya et Tanzanie), ainsi que le retour de Madagascar après une absence de près de trois décennies. Concernant le thème de la 22e édition de la biennale de Ouagadougou, «Cinéma africain et marchés», Ardiouma Soma a avoué qu'il s'agissait pour l'instant de mettre en place des mécanismes pour garantir «la survie» du cinéma africain. Selon lui, la solution consiste à développer des «zones de production cinématographique». C'est «la meilleure solution pour faire face aux carences existantes», a-t-il soutenu. S'agissant de la coopération Afrique du Nord - Afrique subsaharienne dans le domaine du cinéma, il a indiqué que plusieurs accords de coproduction entre les pays du Nord (Algérie et Maroc) ont été signés avec d'autres du Sud (Mali, Côte d'Ivoire et Burkina Faso).