LE CAIRE - Le gouvernement égyptien a assuré dimanche qu'il défendrait la sécurité nationale d'une "main de fer" et qu'il prendrait des mesures contre les attaques de lieux de cultes, au lendemain d'affrontements meurtriers entre musulmans et chrétiens. Les autorités vont "frapper d'une main de fer tous ceux qui cherchent à nuire à la sécurité de la nation", a déclaré le ministre de la Justice, Abdel Aziz al-Guindi, à l'issue d'une réunion de crise après les violences qui ont fait 12 morts samedi soir au Caire. Le gouvernement va "appliquer de manière immédiate et ferme les lois qui criminalisent les attaques contre des lieux de culte et contre la liberté de croyance", a assuré le ministre, ajoutant que les lois antiterroristes seraient utilisées contre les fauteurs de troubles. De violents affrontements entre musulmans et chrétiens ont fait douze morts et plus de 200 blessés samedi soir dans un quartier populaire du Caire, selon un dernier bilan annoncé par la télévision égyptienne. Les principaux heurts se sont produits autour d'une église du quartier d'Imbaba, attaquée par des musulmans assurant qu'une chrétienne souhaitant se convertir à l'islam y était enfermée. L'armée a annoncé que 190 personnes avaient été arrêtées dans le cadre de ces violences et qu'elles seraient toutes déférées devant des tribunaux militaires. Un couvre-feu a été imposé dans la zone autour de l'église d'Imbaba jusqu'à lundi 11H00 (09H00 GMT), a indiqué la télévision d'Etat. M. Guindi a imputé ces violences à une "contre-révolution" -que le gouvernement a affirmé à plusieurs reprises être orchestrée par des fidèles au régime du président Hosni Moubarak chassé du pouvoir le 11 février par une révolte populaire- semant le désordre dans le pays. "Le peuple égyptien, la noble police et la grande armée sont debout ensemble aujourd'hui pour faire échec à la contre-révolution", a-t-il indiqué. Les lois sanctionnant les attaques contre l'unité nationale "prévoient des sanctions sévères et peuvent conduire à la peine de mort", a-t-il ajouté. "Le gouvernement va se servir de la législation ordinaire, non de lois d'exception ou de lois d'urgence", a indiqué M. Guindi. "Ce gouvernement est un gouvernement qui croit en la souveraineté de la loi", a ajouté M. Guindi. La loi sur l'état d'urgence donne notamment des pouvoirs élargis à la police en matière d'arrestation et de détention, et permet le renvoi devant des tribunaux d'exception. La révision de la Constitution égyptienne adoptée par référendum le 19 mars permet d'en limiter l'application à une période de six mois, et soumet son renouvellement à référendum. Les Coptes, ou chrétiens d'Egypte, ont été visés par plusieurs attentats, en particulier celui de la nuit de la Saint-Sylvestre contre une église copte à Alexandrie (nord) qui a fait 21 morts. Ils représentent entre 6 et 10% des quelque 80 millions d'Egyptiens.