Tensions n Le Premier ministre égyptien a convoqué une réunion de crise du cabinet au lendemain de violents affrontements au Caire entre musulmans et chrétiens qui ont fait neuf morts. Des violences confessionnelles ont opposé hier, samedi, des musulmans et des chrétiens dans un quartier populaire du Caire, ravivant les fortes tensions interconfessionnelles que connaît l'Egypte. Neuf personnes ont été tuées et plus d'une centaine d'autres blessées. Les principaux affrontements se sont produits autour d'une église du quartier d'Imbaba, attaquée par des musulmans, au motif qu'une chrétienne supposée vouloir se convertir à l'Islam y serait enfermée. Une autre église a été incendiée dans ce quartier, où d'importants effectifs de soldats et de policiers anti-émeutes ont été déployés. Des militaires ont tiré en l'air pour tenter de séparer les deux camps. «Ce sont eux qui ont commencé à tirer sur nous. Nous étions pacifiques», a assuré Mamdouh, un manifestant musulman. L'armée égyptienne a promis d'agir fermement contre les responsables de ces violences. Un général, s'exprimant dans la nuit sur la chaîne privée ON-TV, a promis que l'armée «ne permettra pas à quelque courant que ce soit d'imposer son hégémonie en Egypte». L'officier a souligné que toute personne arrêtée sur les lieux est susceptible d'être jugée en vertu d'une nouvelle loi sur le banditisme, qui prévoit des sanctions renforcées. L'agence Mena a fait état, tôt ce dimanche matin, de neuf morts et de plus d'une centaine de blessés, sans donner de répartition par confession. Selon la télévision d'Etat, six musulmans et trois Coptes ont été tués, alors qu'un prêtre, le père Hermina, a déclaré que cinq Coptes avaient péri. La conversion, supposée, à l'Islam de deux épouses de prêtres, Camilia Chehata et Wafa Constantine, et leur enlèvement prétendu attisent depuis des mois les tensions entre chrétiens et musulmans en Egypte. Les deux femmes auraient, chacune, quitté son mari, après une dispute conjugale, il y a sept ans pour Mme Constantine, l'année dernière pour Mme Chehata. Toutes deux ont été raccompagnées chez elles par la police, après que les Coptes eurent assuré qu'elles avaient été enlevées par des musulmans. L'Eglise copte a démenti l'éventuelle conversion des deux femmes, mais aucune des deux femmes n'est réapparue publiquement pour confirmer l'une ou l'autre thèse. Les Coptes représentent 6 à 10% des 80 millions d'Egyptiens, et constituent la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient. Devant cette situation, l'une des plus hautes autorités musulmanes d'Egypte, le grand mufti, Ali Gomaa, a appelé à «ne pas jouer avec la sécurité du pays» et a assuré que les troubles «ne pouvaient pas émaner de gens vraiment religieux, qu'ils soient musulmans ou chrétiens».