Dans le Moyen-Orient affairé à régenter les incertitudes du « printemps arabe », l'opportunité prête aisément à la réédition des précédents irakien (Osiris) et syrien pour la préservation de la suprématie incontestable de la seule puissance nucléaire de la région. Le sulfureux ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, revendique le rôle de « l'Etat indépendant » israélien de prendre « les mesures appropriées », lorsque le Premier ministre Netanyahu défend la nécessité de préserver « la liberté d'Israël » clairement affirmée lors d'une conférence de presse tenue, au premier jour de sa visite au Canada, avec son homologue Stephen Harper. D'Ottawa, le show de Netanyahu s'interprète comme l'avant-première du scénario du pire présenté à Washington où il doit rencontrer le président américain Obama pour une explication en tête à tête. Il entend mettre la pression sur son allié stratégique pour négocier, selon un ancien général de l'armée israélienne, Israël Ziv, ou la promesse d'une intervention militaire US contre l'Iran, après la présidentielle américaine. L'option militaire est ainsi privilégiée par l'enfant gâté du Proche-Orient qui écarte d'un revers de la main la volonté de son parrain et de ses alliés occidentaux de favoriser la démarche diplomatique et le règlement pacifique du conflit iranien. « Je n'ai pas tracé de ligne dans le sable pour les Etats-Unis et je ne le ferai pas », a insisté M. Netanyahu qui doit aussi s'exprimer devant l'Aipac (American Israel Public Affairs Committee) le jour même de son passage à la Maison Blanche. Pour Obama qui se refuse à « bluffer » avec l'une ou l'autre partie, « toutes les options sont sur la table ». S'il juge un Iran nucléaire totalement inacceptable, le président US refuse l'action unilatérale au regard des « conséquences potentielles non voulues ». Dans la stratégie américaine, l'agencement des priorités régionales est clairement précisé dans une interview accordée à la revue Atlantic Monthly. « A un moment où l'Iran ne suscite guère de sympathie et où son seul véritable allié, la Syrie, est acculée, voulons-nous une distraction qui permettrait soudainement à l'Iran de se présenter comme une victime ? », interroge Barack Obama. Reste l'essentiel : une attaque contre l'Iran possible ? Une tâche très difficile, selon le très influent New York Times sollicitant l'aide des spécialistes. Le général David Deptula, qui avait planifié les raids des Etats-Unis lors lors d'une conférence de presse à Ottawa avec son homologue Stephen Harper, guerre du Golfe en 1991 et en Afghanistan en 2001, est toutefois sceptique. « De soi-disant experts disent : bombarder l'Iran. Mais, cela ne sera pas facile. » L'ancien patron de la CIA, Michael Hayden, reconnaît aussi que le bombardement des installations nucléaires iraniennes est « au-delà de (ses) possibilités » nécessitant un survol de près de 1.600 km, le ravitaillement en vol, le lancement des attaques sur plusieurs sites pour assurer la destruction des installations enfouies dans le sous-sol iranien. Dans ce bouillonnement intense, la batille de l'Iran qui se prépare à Washington soulève les pires appréhensions quant aux conséquences désastreuses sur la paix et la sécurité aussi bien régionale que mondiale.