Comme toutes les Algériennes de son âge, Fadila Saâdane était « un exemple de courage et de militantisme », témoignent ceux qui l'ont connue. Son adhésion aux idées nationalistes remonte à la veille du déclenchement de la Révolution de Novembre, au sein du Parti du Peuple algérien. Née le 10 avril 1938 à Ksar El Boukhari, Médéa, fille d'un instituteur, la famille retournera à El Harrouch, avant de s'installer à Constantine, suite à la mort du père. Elle fut l'une des rares femmes à assister aux réunion du commandement de sa wilaya (Constantinois). C'est à partir de l'âge de 16 ans qu'elle se mettra à militer dans l'Association de la jeunesse estudiantine musulmane de Constantine qui était une branche du PPA. Fadila deviendra membre du bureau de cette Association qui comptait plus de 230 adhérents et adhérentes. Et lorsque l'Ugema lança l'appel à la grève le 19 mai 1956, Fadila Saâdane n'hésita pas un instant. Avec d'autres militantes, elle s'occupera des missions de ravitaillement, d'acheminent du matériel et des médicaments vers les maquis du djebel Ouahch. Elle avait aussi la charge de rédiger rapports, tracts et autres. Mais elle voulait participer d'égal à égal au combat. Fadila Saâdane fut repérée et arrêtée avec d'autres militants de la cause nationale et sera incarcérée à la prison du Coudiat vers la fin du mois de novembre 1956. Elle goûtera aux affres de l'univers carcéral pendant une année, avec son lot d'atrocités, de torture. Libérée fin 1957, elle se rend en 1958 à Clermont-Ferrand en France pour la poursuite de ses études. Son séjour sera mis à profit pour la poursuite de l'action militante au sein de l'émigration. Au maquis, elle livrait bataille avec ses frères de combat d'où de fréquents accrochages. Le destin fera qu'elle sera surprise lors d'un accrochage dans la nuit du 26 au 27 avril 1960 par les troupes de l'armée coloniale qui l'encerclèrent. Fadila Saâdane engagea le combat jusqu‘à ce qu'elle tombe en martyr, les armes à la main. Dans sa famille, une autre martyre, sa sœur Meriem, qui avait rejoint les rangs de la révolution, sera arrêtée et torturée à mort. Son corps affreusement mutilé fut jeté le 22 juin 1958, avec celui de 52 autres militants constantinois, dans une grotte de Djebel Boughareb.