Abdel Basset Ali Mohammed Al-Megrahi, 57 ans, le Libyen condamné en 2001 pour l'explosion le 21 décembre 1988 du Boeing 747 de la Pan Am au-dessus du village écossais de Lockerbie (270 morts), a été libéré pour des «intérêts britanniques» déclare Seïf Al-Islam, un des fils de Kadhafi. «Dans tous les contrats commerciaux, de pétrole et de gaz avec la Grande-Bretagne, Al-Megrahi était toujours sur la table des négociations», dit-il dans une interview accordée à la chaîne Al-Motawassit (La Méditerranée). «Tous les intérêts britanniques étaient liés à cette libération évoquée à chaque visite en Libye de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair», ajoute-t-il. «Aucun marché n'a été passé entre le gouvernement du Royaume-Uni et la Libye», affirme un porte-parole du Premier ministre Gordon Brown, avant de renvoyer la balle dans le camp écossais qui libéré Al-Megrahi en phase terminale d'un cancer de la prostate. «Toutes les décisions relatives au cas Megrahi ont été exclusivement du ressort de ministres écossais», précise le Foreign Office. La presse britannique croit déceler un «un arrangement mesquin et une trahison de la justice». «Prétendre que cette décision n'est pas guidée par des intérêts politiques et un niveau de consultation, voire de collusion, entre Edimbourgh et Londres, seuls les gueux peuvent le croire», écrit The Independent. «Il faudrait être naïf pour ne pas percevoir l'odeur du marchandage d'arrière-boutique», poursuit-il. Le Daily Mail évoque une «semaine de la honte» pour les dirigeants britanniques. Coïncidence : Tripoli s'apprête à signer un gros contrat avec une entreprise pétrolière britannique. Au vu des réactions des uns et des autres, une question se pose dans cette sordide histoire : Al-Megrahi qui n'aurait que trois mois de sursis a-t-il été libéré pour protéger seulement les intérêts commerciaux de la Grande-Bretagne en Libye? Probablement pas. Depuis le procès du Libyen, Londres a toujours eu peur se retrouver face à des vérités inconfortables sur une éventuelle innocence de celui qu'elle présente comme l'agent secret. Dans une interview parue hier dans le Times de Londres, Al-Megrahi promet d'apporter la preuve de son innocence. «Mon message aux communautés britannique et écossaise est un jour, la vérité ne sera plus cachée comme elle l'est aujourd'hui : je montrerai des éléments pour me disculper déclare-t-il sans autres détails. «S'il y avait une justice au Royaume-Uni, j'aurais été acquitté ou le verdict aurait été annulé, car il était irrégulier. C'était une erreur judiciaire» dit-il assurant que la Libye n'était pas à l'origine de l'attentat. Autrement dit, l'autre piste de Lockerbie, celle de la Syrie et de l'Iran évoquée en 1988, pourrait être relancée. Les pays qui pourraient être éclaboussés par les révélations promises par le libyen s'agitent déjà. Ils comptent sur le « bruit » des familles de victimes pour taire les témoignages d'al-Megrahi.