Le « nouvel Irak », légué par les Etats-Unis, sombre dans la violence et la crise politique. Après neuf ans d'occupation américaine et à peine 24h du retrait total et définitif des G'Is, le modèle irakien de la démocratisation du Moyen-Orient, tant vanté et présenté comme la panacée à l‘arriération socio-politique et culturelle, a volé en éclats. Sur fond de violence et de dérive confessionnelle, il présente le bilan calamiteux d'un Etat affaibli, démembré et miné par les luttes de pouvoir qui opposent les chiites aux sunnites et, par extension, aux Kurdes. De toutes parts, la Maison Irak prend feu : au parlement, au gouvernement et à la présidence. Tout juste après un an d'exercice, le gouvernement d'union nationale du Premier ministre Nouri El Maliki n'a pas survécu à l'hémorragie provoquée par le retrait sunnite, aggravé par le précédent du départ en exil du vice-président Tarek El Hachemi, et le refus de siéger manifesté par le rival d'El Irakia du laïc Iyad El Allaoui, présent en force dans l'Assemblée. Le fragile équilibre est au bord de l'implosion. S'il faudra bien admettre que l'on est loin d'un Irak « souverain, stable, autosuffisant, avec un gouvernement représentatif élu par son peuple », élaboré par Obama, l'effondrement de l'édifice institutionnel montre les limites et les carences d'une construction qui vire à l'exercice monopolistique du pouvoir. Au cœur de la tourmente, le Premier ministre El Maliki accusé par ses adversaires sunnites et kurdes de tendances dictatoriales. Au journal El Hayat, le dirigeant kurde Massoud Barzani n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger le Premier ministre qui cumule les charges de « ministre de la Défense, ministre de l'Intérieur, chef des renseignements et commandant en chef des forces armées ». Tout en jugeant « inacceptable » le monopole du pouvoir, Barzani, qui a été reçu à la Maison Blanche, a annoncé la tenue, dès son retour à Irbil, d'une réunion de « tous les dirigeants irakiens » pour dégager des « solutions radicales » à la crise et l'esquisse d'un « calendrier précis ». Pis, il s'est fait plus menaçant en agitant le spectre de la « scission » du Kurdistan soumise à référendum. Le délabrement du « nouvel Irak » institutionnel, à faible consensus, longe la bataille du pétrole (90% des recettes budgétaires, 2/3 du Pib) qui fait rage entre le gouvernement central et le Kurdistan. Triste épilogue.