Le président de la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak, Massoud Barzani, a revendiqué hier dans un discours à Erbil le droit à l'autodétermination pour les Kurdes, ce qui pourrait être un prélude à une scission de l'Irak. “Nous allons soumettre aujourd'hui la question de l'autodétermination aux personnes participant à ce congrès, car nous considérons que nous avons droit à l'autodétermination”, a-t-il déclaré lors d'un discours au début du 13e congrès du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), dont il est le chef. C'est la première fois que le dirigeant kurde propose en des termes aussi clairs à son parti de se prononcer sur une possible indépendance du Kurdistan irakien, qui bénéficie d'ores et déjà d'une large autonomie vis-à-vis du gouvernement central de Bagdad. Le congrès du PDK s'est ouvert en présence notamment du président irakien Jalal Talabani, chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), du Premier ministre désigné Nouri al-Maliki et d'Iyad Allawi, chef de file d'Iraqiya, une liste soutenue par une majorité de sunnites. Le Kurdistan, qui rassemble trois provinces du nord de l'Irak (Erbil, Dohouk et Souleimaniyeh), a gagné son autonomie après la guerre du Golfe, en 1991. Et Massoud Barzani en a été élu le président en 2005. Hormis sur les questions de défense et de diplomatie, le gouvernement autonome possède aujourd'hui des prérogatives étendues. l s'est cependant heurté à de nombreuses reprises ces dernières années avec le gouvernement central sur la question des contrats pétroliers qu'il a signés avec des compagnies étrangères, et que Bagdad ne reconnaît pas. Les Kurdes revendiquent en outre de vastes portions de territoires hors de leurs frontières administratives actuelles, principalement dans la province riche en pétrole de Kirkouk, mais aussi dans celles de Ninive (Nord), Salaheddine et Diyala (Centre). Les revendications de M. Barzani interviennent alors que ce dernier vient de jouer un rôle crucial pour dénouer la crise politique dans laquelle l'Irak s'est enfoncé après les élections législatives du 7 mars. C'est en effet M. Barzani qui est parvenu à arracher, le mois dernier, des dirigeants des principales formations irakiennes un accord de partage de pouvoir, qui a ouvert la voie à l'attribution des plus hautes charges du pays, après huit mois d'impasse. Fils de Moustafa Barzani, dirigeant de l'éphémère république kurde proclamée en 1946 à Mahabad, en Iran, Massoud Barzani dirige le PDK depuis 1979.