Quelques jours seulement après la sortie d'un imam sunnite qui a réclamé le droit de sa communauté à disposer de son propre territoire, c'était au tour hier des Kurdes irakiens de revendiquer leur droit à l'autodétermination, ont rapporté les médias. Alors que l'Irak venait à peine de sortir d'une grande paralysie politique, qui a bloqué les institutions gouvernementales pendant presque un an, à cause justement des luttes interethniques et interconfessionnelles, l'idée du démantèlement de l'Irak refait surface. Hier, le président de la région semi-autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak, Massoud Barzani, a revendiqué dans un discours à Erbil le droit à l'autodétermination pour les Kurdes. «Nous allons soumettre aujourd'hui la question de l'autodétermination aux personnes participant à ce congrès, car nous considérons que nous avons droit à l'autodétermination», a-t-il déclaré lors d'un discours au début du congrès du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), dont il est le chef. C'est la première fois que le dirigeant kurde s'exprime en des termes aussi clairs en faveur d'une possible indépendance du Kurdistan irakien, qui bénéficie d'ores et déjà d'une large autonomie vis-à-vis du gouvernement central de Baghdad. Mais ce n'est pas nouveau cette idée de la scission de l'Irak après sept ans d'occupation américaine qui a ravivé les tensions intercommunautaires. Ainsi, il ne se passe pas un jour sans qu'un attentat ne soit commis par les extrémistes d'une communauté contre celle d'une autre sous n'importe quel prétexte, souvent d'ordre religieux. Aucune province irakienne n'est épargnée par ces violences qui ont coûté la vie à plus d'une centaine de milliers de personnes. Les attaques sont souvent perpétrées dans les lieux publics, comme les marchés et les mosquées au moment de l'accomplissement de la prière du vendredi. Depuis la chute du régime de Saddam Hussein (sunnite) en 2003, la perspective d'un partage de l'Irak en micro-Etats a fait son chemin. L'annonce de la découverte de nouveaux sites pétrolifères, notamment dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien (nord), a renforcé le sentiment anti-sunnite et anti-chiite des Kurdes qui avaient subi pendant plusieurs décennies les affres de la dictature de Saddam. A noter, enfin, que le président irakien Jalal Talabani, également chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), le Premier ministre désigné Nouri al-Maliki et Iyad Allawi, chef de file d'Iraqiya, une liste soutenue par une majorité de sunnites, ont assisté à l'ouverture des travaux du congrès du PDK.