Il fut durant de longues années reporter au Moudjahid avant d'intégrer après l'ouverture médiatique suivi de l'avènement du terrorisme diverses rédactions dont celle du Monde. «J'ai écrit des dizaines de reportages sur des problèmes de la France profonde que j'ai sillonnée», Au Moudjahid, il eut surtout à effectuer des reportages en Amérique latine alors en ébullition, Des luttes se menaient alors contre les dictatures dans ce que les Etats unis ont toujours considéré comme leur arrière- cour. «Sans vouloir jeter une quelconque pierre à mes jeunes confrères, les reportages de nos jours sont moins fouillées et les sources ne sont pas toujours fiables». Il se désole aussi que parfois on évoque avec un zeste d'exotisme des régions d'Algérie comme si on était sur une autre planète, Le contexte de la presse sous le parti unique explique un peu le constat désabusé mais relativise en même temps la différence. «Nous étions dans des organes étatiques où il s'agissait aussi de répercuter le message des pouvoirs publics, de mettre en valeur des réalisations». Les portes s'ouvraient davantage et à l'échelle internationale, les mouvements de libération ne pouvaient tourner le dos aux journalistes d'un pays auprès duquel ils trouvaient un grand soutien. La situation est différente de nos jours où les responsables ne se sentent pas obligés d'être à son service. Le reportage demeure pour Ali Habib une véritable école d'apprentissage. «La description des lieux, de l'atmosphère les rencontres avec les hommes restituent mieux une situation». Un reportage nécessite aussi selon lui «un travail préparatoire qui permet de mieux cerner les enjeux et de cerner le liant». L'irruption de la télévision est d'après notre interlocuteur la cause de ce recul de la tradition des grands reportages parce que le lectorat a désormais plusieurs sources d'information qui le dispense de s'attacher uniquement aux journalistes de la presse écrite.