Beaucoup d'études ont été menées sur l'intrusion récente des nouvelles technologies dans la vie des couples de pays occidentaux soumis à rude épreuve, en raison des progrès enregistrés en matière notamment de suivi et de captation des activités du conjoint sur le cyberspace. En Grande Bretagne, c'est surtout l'effet du site de réseautage social Facebook qui est à l'index. D'après une étude menée en début d'année, par divorce-onine.co.uk, le réseau social est évoqué dans 33 % des procédures de séparation. En créant ce site, Mark Zuckerberg pouvait-il imaginer donner naissance à un briseur de couples ? Ainsi, Facebook serait-il responsable de 33 % des demandes de séparations en 2011, indique le site britannique spécialisé divorce-online.co.uk. Le chiffre est en pleine explosion puisque le réseau social n'était évoqué que dans 20 % des procédures d'après cette même étude menée deux ans auparavant. Facebook est aussi bien utilisé au cours de la procédure pour prouver l'infidélité du conjoint que par des époux blessés pour tailler une réputation en ligne à leur ancien partenaire. « Les gens feraient bien de se méfier des messages qu'ils écrivent d'autant plus que la justice prend ces publications en compte dans les cas de conflits financiers ou en rapport avec la garde des enfants », explique dans un communiqué Mark Keenan, le porte-parole de divorce-online.co.uk. En France, c'est surtout le SMS qui fait parler de lui dans les prétoires, car, indique une nouvelle décision de la justice française, « il est possible de divorcer à cause d'un SMS. C'est la principale leçon à retenir d'un arrêt rendu en 2009 par une Cour de cassation ». Elle statuait sur la plainte d'une épouse qui avait entrepris de prouver l'adultère commis par son mari en se fondant sur la lecture de SMS trouvés sur le téléphone portable professionnel de celui-ci. La cour d'appel l'avait déboutée et avait prononcé le divorce à ses torts exclusifs, arguant du fait que les SMS relevaient de la « confidentialité et du secret des correspondances ». La Cour de cassation ne l'a pas entendu ainsi. Elle a estimé en l'espèce que dans une procédure de divorce, et par dérogation au droit commun de l'inviolabilité des correspondances, il est en effet admis que les lettres échangées entre les époux ou entre l'un d'eux et un tiers peuvent être produites sans le consentement des intéressés, à la condition expresse qu'elles aient été obtenues « sans violence ni fraude », rapporte Le Monde sur son site Internet. Pour témoigner de sa bonne foi, l'épouse trompée affirmait avoir découvert ces SMS sur un téléphone portable professionnel « perdu » par son mari. Cependant, en France, traces écrites ou filmées laissées imprudemment sur Facebook ou les messageries électroniques servent rarement de preuves devant le juge. « Dans les faits, ces éléments ne sont pas utilisés dans la procédure de divorce. Nous devons d'ailleurs l'expliquer à nos clients, raconte Maître Joackim Fain, avocat spécialisé dans ce type d'affaire. Depuis la réforme de 2004, il n'y a quasiment plus de divorce pour faute excepté dans les cas de violences conjugales. » Pas besoin de fournir de preuve d'adultère pour exiger une séparation. Une grande majorité des divorces « se font à l'amiable ». Si l'un des conjoints s'oppose à la séparation, il suffit à l'autre d'attendre deux ans pour que soit reconnu « l'altération définitive du lien conjugal » sans autre preuve. « En pratique, dans la demande initiale de divorce, les raisons de la séparation n'ont même plus à être indiquées. Si l'un des conjoints veut divorcer, on se doute bien qu'il y a un problème », poursuit Joackim Fain. Néanmoins, Facebook met bien souvent la puce à l'oreille de l'un des époux quant à l'infidélité de l'autre. « C'est un fait. De plus en plus souvent, nos clients demandent le divorce car ils sont tombés sur des textes ou photos compromettants laissés imprudemment sur Facebook ou les messageries électroniques », convient l'avocat. Et quand on sait que le réseau social garde en mémoire sur ses serveurs toutes les images ou messages privés, ceux qui ont choisi de papillonner feraient bien d'avoir l'intelligence d'éviter de le faire sur ce genre de média. Le même SMS est également en vogue dans les prétoires américains où les sources de preuve des infidélités sont plus larges. En effet, plus de 90 % des grands avocats spécialisés dans les cas de divorce rapportent que les procès au cours desquels sont présentées des preuves issues d'iPhone et autres smartphones sont en augmentation depuis trois ans, selon l'Académie américaine des avocats matrimoniaux (AAML). Les SMS sont l'élément le plus utilisé dans les procédures de divorce, suivis par les courriers électroniques, les numéros de téléphone composés, l'historique des appels, le GPS et l'historique des recherches sur internet, affirme l'AAML. Cette hausse de l'utilisation des SMS comme preuves à charge intervient après une tendance similaire il y a deux ans, qui concernait cette fois Facebook, constate l'AAML. Même un SMS lu par-dessus l'épaule de quelqu'un peut être utilisé lors d'une audience de divorce, si le témoin est jugé crédible. « J'ai utilisé des SMS pour des contre-interrogatoires », a déclaré Ken Altshuler, président de l'AAML. « Je dirais que beaucoup de SMS ont été présentés devant la justice au cours des six derniers mois. Pour je ne sais quelle raison, les gens s'envoient davantage de SMS et ne réfléchissent pas à ce qu'ils sont en train d'écrire. » A voir les nouvelles offres d'applications possibles, il y a fort à parier sur les difficultés à venir dans la vie des couples. Une nouvelle application pour iPhone – le téléphone portable d'Apple – va bientôt permettre à l'utilisateur américain de contrôler les faits et gestes de son conjoint, comme de découvrir tout ce que son futur partenaire peut vouloir lui cacher. DateCheck a été présenté récemment en Californie par l'entreprise américaine Intelius, spécialisée dans la collecte d'informations destinées aux personnes et aux entreprises. Avec un simple nom ou un numéro de téléphone, l'utilisateur peut notamment retrouver dans une gigantesque base de données le passé criminel de la personne concernée. Avec son adresse, il devient possible de savoir si cette personne vit seule, ou avec qui, mais également de connaître la superficie de son domicile, sa valeur marchande, le montant des charges... DateCheck permet même de surveiller l'activité d'un partenaire sur les réseaux sociaux Facebook, MySpace ou Flickr. Il suffit ainsi de cliquer GSM espion sur Google pour être dirigé vers l'un des nombreux sites marchands pour lesquels l'adultère est devenu un véritable business. Ce téléphone, a priori comme les autres, est équipé d'un logiciel permettant d'intercepter, à distance, les échanges de SMS, et même les appels. Il se trouve très facilement sur Internet. Pour moins cher, il est également possible de télécharger en quelques minutes un logiciel espion qui peut être installé sur quasiment n'importe quel téléphone mobile, à l'insu de son propriétaire. A condition, bien sûr, de faire main basse sur le portable à pirater, le temps d'effectuer la manipulation. D'autre part, pour infiltrer la boîte vocale de son conjoint, normalement protégée par un code à quatre chiffres, il suffit souvent de taper son année de naissance, les premiers ou derniers chiffres de son numéro de téléphone, voire quatre zéros, le code par défaut. Il est également possible d'infiltrer, sans mot de passe, le client de messagerie (souvent Outlook) de son conjoint sur l'ordinateur familial. Windows dispose toujours d'un espace dédié au logiciel de réception du courrier électronique auquel tout utilisateur de l'ordinateur peut accéder. Pour une boîte mail accessible à partir d'un navigateur (Hotmail, Yahoo, Gmail), il existe des logiciels espions – dont l'utilisation est interdite mais qui se téléchargent en quelques minutes sur Internet – capables d'enregistrer et de restituer toutes les frappes clavier. Un chemin dans l'ordinateur permet d'accéder, sans mot de passe, à l'archivage des conversations MSN : dans les documents de l'utilisateur, il suffit de cliquer sur "mes fichiers reçus", puis sur le pseudo MSN et, enfin, sur "historique". Il est également possible d'activer l'archivage d'un clic sans que l'utilisateur soit averti. A noter qu'il existe même des logiciels de restauration de documents comme des mails. Un disque dur peut délivrer ses secrets jusqu'à sept effacements. Sur les réseaux sociaux, personne n'est à l'abri d'une indiscrétion. Comme un ami qui laisse son profil grand ouvert, et sur le mur duquel on se serait épanché, ou qui aura la bonne idée de publier des photos sur lesquelles le conjoint n'aurait jamais dû tomber. Frédéric, lui, a deviné le mot de passe de sa copine en l'apercevant taper les premières lettres. En proie à un doute terrible, il s'est connecté sur son compte à un moment où elle était en ligne pour surprendre ses conversations avec une copine, en direct. Elle flirtait bien avec un ancien collègue. « On aurait dit un dialogue de Secret Story. C'était dur. » Ouf, l'honneur est sain !