Aussi, quand Anouar Benmalek a accompagné sa maman à sa derrière demeure, s'est promis de la ressusciter en des termes on ne peut plus émouvants : « Non, tu ne mourras plus demain, maman ».Voilà donc la pensée de fond qui a guidé l'auteur dans sa quête d'écriture à travers ce roman dédié à sa mémoire, même s'il faut rappeler au passage que l'envie d'écrire sur la famille de sa mère et celle de son père remonte au vivant de sa génitrice. Du coup, on n'en sait un peu plus sur la vie et l'œuvre de l'auteur puisqu'il revient lui-même, au-delà des détails croustillants sur ce qui constitue sa vie de famille, sur les faits ayant entouré la confection et la sortie de tel ou tel roman. Et notamment le contexte social explosif qui prévalait au cours de la décennie noire, qui lui a valu des appels de mort de la part des extrémistes religieux. La vie d'un écrivain est exaltante, et il suffit de lire les confidences d'Anouar Benmalek pour s'en rendre compte. D'autant que sa généalogie est métissée aux couleurs et traits arabo-berbères, africains, et européens. Un modèle de tolérance. Dans tout récit autobiographique qui plus est, il y a bien sûr une part de subjectivité qui consiste à « rapiécer au besoin les épisodes les plus douloureux ou les moins honorables », mais le mérite de l'auteur est d'avoir osé raconter sa vie de famille qui le rapproche un peu plus de ses lecteurs. Se sachant immortel, l'auteur témoigne pour la postérité rompant, il faut bien le dire, avec la tradition orale qui nous a jusqu'ici caractérisé. C'est l'un des enjeux majeurs de ce e siècle, oserions-nous dire au vu de qui se produit ailleurs dans le monde, et ce, depuis une éternité maintenant. Bravo donc à l'auteur pour cet hymne à l'amour, à la vie. Pour rappel, Anouar Benmalek est l'auteur, entre autres, des « Amants désunis » (Calmann-Levy) et de « L'Enfant du peuple ancien » (Pauvert). Chez Fayard, il a publié notamment « Ô Maria » et « Le Rapt ». Traduite en dix langues, son œuvre a reçu plusieurs prix. Rabah Douik « Tu ne mourras plus demain » d'Anouar Benmalek, Editions Casbah, 179 pages, prix public : 600 DA