On parle souvent des députés repêchés in extremis après une seconde lecture des résultats des législatives, mais on évoque rarement la déception de ceux qui ont vécu pendant quelques jours - le temps que le Conseil constitutionnel étudie les recours et les élimine - l'ivresse de la députation promise. El-Hadi Fellague Ariouat, 26 ans, candidat à la huitième place sur la liste FLN de la wilaya de Blida, en est le parfait exemple. D'ailleurs, son cas a défrayé la chronique dans la ville des Roses. Au FLN local, personne ne croyait qu'un postulant relégué au huitième rang pouvait avoir la chance de rivaliser avec la liste des partis islamistes, dont Blida était un peu le fief. Ce militant, un peu homme à tout faire au sein de la branche locale du parti, commerçant à ses heures perdues, n'y croyait pas non plus. L'annonce des résultats transporta El-Hadi Fellague Ariouat sur un nuage. Dix jour après, la chute n'en a été que brutale. L'homme n'arrive pas à cacher sa déception. Et pour cause, trois jours durant il a été au siège de l'APN, histoire de se familiariser avec les lieux. Il a ainsi pu arpenter les travées d'un hémicycle remis à neuf, s'asseoir dans un fauteuil au dossier haut et confortable et apprendre les rudiments de la députation : comment intervenir lors d'une séance plénière avec les traditionnelles formules de politesse. Bref, M. Fellague Ariouat avait bien assimilé le protocole parlementaire. Puis patati patatra ! « Je m'incline devant la décision du Conseil constitutionnel. Je ne crois pas qu'il m'ait privé de devenir député. Je pense que c'est un recours qui a été bien examiné pour rendre à chacun ce qu'il mérite », affirme avec philosophe « l'ex-futur » député. « A chacun sa chance. En tous les cas, vu la position que j'occupais dans la liste, je n'ai jamais pensé être élu. Mais voilà, ce qui est fait est fait. Je ne m'en plains pas », ajoute-t-il. A la direction du FLN on essaie de le consoler. « Tout ce qui t'arrive est de bon augure », lui a-t-on dit. Pour lui cela sonne comme une promesse. Alors El-Hadi Fellague Ariouat se voit déjà adoubé lors des prochaines législatives. « Je suis encore jeune et j'ai toujours cette envie d'occuper un siège au parlement. Pour cela, je vais me préparer et militer pendant les années à venir pour être à l'APN. Les trois jours passés dans cette assemblée, m'ont donné de l'appétit », lance-t-il sans détour. Son jeûne va durer cinq ans.