Outre les poumons qui sont touchés par les substances nocives du tabac, d'autres organes subissent également, les effets de la nicotine. « Le tabac est cancérigène dans la sphère ORL », affirme Kamel Mazouar, assistant principal ORL au CHU Mustapha-Pacha. Les patients viennent souvent pour les troubles de la voix (dysphonie), absence de paroles et la (dyspnée), difficulté de respirer qui sont pris en charge au niveau des urgences. « Les spécialistes de l'ORL préfèrent de loin la consultation pour la dysphonie car la dyspnée requiert de lourdes charges en termes de consultation, de prise en charge quand la trachéotomie s'impose (ablation du larynx ou du pharynx) », a-t-il indiqué. Les conséquences sont lourdes puisque le malade se retrouve mutilé de la voix. Donc, une prise en charge psychologique, orthophoniste, médicale et socioprofessionnelle est plus que nécessaire, d'après le Dr Kamel Mezouar. « Notre premier souci est de rétablir la voix des laryngectomisés au service orthophonie », a-t-il expliqué. Il ajoutera que malheureusement seulement un tiers des malades retrouvent l'usage de la voix par le biais œsophagique, un tiers bénéficie de tube phonatoire et le tiers restant est mutilé à vie. Au CHU Mustapha-Pacha, service ORL, le sexe ratio est de trois hommes pour une femme. Cependant, ce responsable a constaté dans son service une légère recrudescence de consultation de femmes atteintes de dysphonie. En outre, il estime que dans son service, ils sont 90 % atteints de cancer dû au tabac contre 10 % à cause de vapeurs toxiques ou de lésions précancéreuses de la gorge. Le défi que pose cette pathologie due au tabagisme est de respecter la loi qui est très claire pour préserver la santé des non-fumeurs. Par ailleurs, le patient doit consulter rapidement s'il constate un changement dans sa voix, s'il persiste plus de trois semaines. Le message à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le tabagisme est la sensibilisation et la prévention par des journées portes ouvertes. Le rôle des associations est primordial dans les écoles car un enfant à qui on explique les méfaits du tabac est plus réceptif qu'un adulte, si ce dernier est dysphonique, âgé de plus de 40 ans et tabagique de plus de dix années.