Les droits des enfants sont garantis depuis le droit à la vie, à la santé, à la scolarité, au bien être et c… l'Algérie a ratifié la convention internationale des droits de l'enfant. Mais dans la réalité la situation n'est pas reluisante, des insuffisances en matière de prise en charge persistent même si beaucoup a été fait pour assurer à nos bambins une vie normale. Pour ce pédiatre émérite, chef de service à l'Etablissement Public Hospitalier – EPH - (mère et enfant) d'El-Harrach, les enfants n'ont pas bénéficié d'une attention particulière. Preuve en est, a-t-il indiqué, il y a absence de gestion du temps libre des enfants. Ce temps de divertissement est considéré, par le Pr. Khiati comme un élément capital pour l'épanouissement du jeune car il aiguise son instinct de découverte du monde, de l'espace, il apprend à orienter sa curiosité vers les choses rationnelles…etc. « Mais chez nous, c'est l'école de la rue qui a pris en charge les enfants » a-t-il souligné. A ce sujet, Khiati a avancé qu'à Cheraga, des lampadaires nouvellement installés, tout le long de l'autoroute, ont été cassés à coup de cailloux. Résultat : nos enfants ne savent pas protéger les biens publics et par conséquent, ignorent qu'ils sont financés par les travailleurs comme leurs pères. Un autre exemple, plus édifiant est le chiffre de 13% d'enfants éborgnés par le jet de pierres. L'une des explications avancées par M. Khiati est la fréquentation des cybercafés qui proposent aux enfants des jeux violents. « L'enfant subit et emmagasine cette violence virtuelle et la reproduit dans la réalité sans distinguer le bien du mal», a-t-il expliqué. D'ailleurs, en 2009, selon les statistiques de la police (DGSN), 24 cas de meurtres ont été commis par des personnes âgées de moins de 18 ans. Pour le président de la Forem, le peu d'espaces qui existent dans les cités nouvellement construites sont situés en dehors de celles-ci et selon les statistiques : il n'y a que 5% d'enfants qui sont fédérés pour pratiquer un sport. La norme étant de 60 à 70%. Reconnaissant que les mouvements associatifs et des Scouts sont présents sur le terrain, mais à l'échelle nationale il y a beaucoup de carences à combler. Et de poursuivre : « L'enfant algérien ne fréquente pas le musée, le cinéma, le théâtre, et ne bénéficie pas de visites guidées, l'emploi du temps des élèves dans les écoles est chargé et l'école ne s'occupe plus des loisirs ». Dans ce sillage, le Pr. Khiati, appelle les associations de parents d'élèves à jouer leur rôle dans la promotion du sport et des loisirs. Car, il est impératif pour l'enfant de décompresser après avoir passé six heures en classe. • Protéger nos enfants : un devoir Au lieu d'un passe temps favori, certains enfants, sortent sur les autoroutes vendre du pain ou des fruits et légumes pour aider leurs parents. En apprenant le gain, il délaissent l'école et s'orientent vers la vie active. S'agissant de la consommation de la drogue, dans les grandes agglomérations et selon une enquête réalisée en 2009, il a été démontré que 10 à 13% des collégiens âgés entre 12 et 15 ans ont goûté au haschich et 81 affaires ont été portées devant la justice pour détention de drogue à l'intérieur des institutions éducatives. D'après notre interlocuteur nos enfants ne lisent pas. il a été établi que moins de 8% des enfants lisent une fois par hasard une histoire, d'après une enquête réalisée en 2007 par la Forem. Idem pour les jeux de société (puzzle, scrabble, jeux des 7 familles…etc.) qui ne sont plus l'apanage des enfants. De plus, cette frange encore vulnérable est victime d'un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur : le rapt des enfants. La Forem tire la sonnette d'alarme et exhorte les pouvoirs publics à mettre en place un système d'alerte qui sera déclenché dans les minutes qui suivent l'enlèvement et non 24 heures après. Pour le Pr. Khiati, les parents sont les premiers responsables de leur enfant enlevé puisqu'il doit être surveillé à sa sortie d'école, en jouant dans la rue et autres déplacements. Concernant la prise en charge médicale de l'enfant là aussi, le président de la Forem ne va pas avec le dos de la cuillère : « Bien que la couverture sanitaire soit la plus importante en Afrique car 100% de la population disposent d'infrastructures de santé et des moyens colossaux ont été investis dans ce secteur mais, à ce jour, il n'existe pas un CHU pour enfants ». Il rectifie en affirmant que ce n'est pas la pédiatrie primaire qui est assurée correctement mais les pathologies complexes qui nécessitent des équipes multidisciplinaires d'où la nécessité de mettre en place un hôpital spécialisé.