Israël qui avait prévenu qu'il empêcherait «de force» la «Flottille de la liberté» d'approcher Ghaza, est passé à l'acte. Il a tiré à balles réelles sur le convoi six bateaux (un navire amiral, le Mavi Marmara, transportant quelque 700 pro-palestiniens originaires de 15 pays, dont l'Algérie, deux cargos chargés d'une aide humanitaire de 10.000 tonnes et trois autres navires plus petits) en route vers Ghaza. Toutes les organisations internationales ont exprimé leur indignation. Certaines demandent une «enquête complète» sur cet acte pirate. La Turquie qui a enregistré plus de victimes prévient Israël de «conséquences irréparables» sur leurs relations bilatérales. Bilan de ce massacre perpétré dans les eaux internationales, à 70, 80 miles nautiques de la côte israélienne et en violation flagrante du droit international : 19 morts, 36 blessés. Cette énième agression ajoute un cran à l'horreur de la politique de l'Etat pirate qui a commis hier à l'aube son énième «crime de guerre» dixit Leïla Chahid la déléguée générale de l'Autorité palestinienne auprès de l'Union européenne. Des commandos de trois patrouilleurs lance-missiles ont pris d'assaut le Mavi Marmara, un bateau turc. Selon les dernières communications téléphoniques, des soldats de la marine ont, dès qu'ils ont pris pied sur le pont, commencé à tirer sur les passagers non armés comme s'ils étaient une cible militaire. Pointé du doigt par la communauté internationale, l'Etat hébreu tente de se défendre. Il affirme que ses soldats ont essuyé des coups de feu lors de l'arraisonnement des six bateaux qui ont essayé de violer l'embargo naval. «Les soldats ont été confrontés à des violences physiques graves de la part des manifestants, qui les ont attaqués à coups de feu» peut-on lire dans un communiqué militaire qui évoque quatre soldats blessés dont un «grièvement». Pour éviter tout témoignage, Tsahal a «conduit» les bateaux capturés vers Haïfa. La Turquie voit rouge La Turquie, dont le drapeau ornait certains des bateaux, promet de faire payer à l'Etat de Benyamin Netanyahu, jadis allié stratégique, son acte barbare. «Cet incident déplorable, qui a eu lieu en pleine mer et constitue une violation claire de la loi internationale, peut entraîner des conséquences irréparables sur nos relations bilatérales», prévient Ankara avant de convoquer l'ambassadeur israélien et de réclamer une réunion d'urgence du Conseil de sécurité. «Quelle que soit la raison, une telle action contre des civils impliqués seulement dans des activités pacifiques est inacceptable», affirme le communiqué du ministère. «Israël devra supporter les conséquences de cette attitude, qui constitue une violation de la loi internationale», selon le ministère turc des Affaires étrangères. Erdogan parle de «terrorisme d'Etat». «Grave» et «inacceptable» selon le chef d'état-major de l'armée turque, le général Ilker Basbug. Selon des analystes, le gouvernement turc qui a demandé au monde occidental de tirer les conséquences de ses soutiens indéfectibles et de ses encouragements aveugles à Israël, pourrait aller jusqu'à l'expulsion du diplomate et cet assaut pourrait remettre en cause l'avenir des discussions indirectes entamées il y a trois semaines entre Israéliens et Palestiniens. Les Démocrates qui crient aux droits de l'homme dès qu'il s'agit de la Thaïlande, l'Iran, l'Indonésie ou d'un pays arabe ou africain oseront-ils dire cette fois, comme le Conseil de sécurité, la vérité sur ces soldats qui s'attaquent à des humanitaires sans armes ? L'Otan qui, selon sa charte, doit réagir quand un de ces membres fait l'objet d'une attaque, s'en prendra-t-elle à Israël ? Une réunion d'urgence des ambassadeurs des 28 membres se tiendra ce matin à Bruxelles à la demande de la Turquie. Hasard du calendrier ou effet recherché, ce raid a mis aux faits divers le Sommet de Nice où la «démocratie et les droits de l'Homme» ont été «évoqués» par Nicolas Sarkozy comme sources de la violence et de l'instabilité du Continent et la Conférence de Kampala où les nations se sont retrouvées pour procéder à la première révision du Statut de Rome et affirmer que l'ère de l'impunité des bourreaux doit se clore.