L'état de la justice dans un pays est sans doute l'indicateur de la situation des droits de l'Homme. Quand elle va, le reste suit, serait-on tenté de dire. En Algérie, les prestations se sont sans nul doute améliorées, le traitement et l'exécution des décisions ont connu une amélioration qualitative. Toutefois, le recours « excessif » à la détention préventive constitue un point noir. Elle touche « pas moins de 30% » de la population globale carcérale, a de nouveau déploré le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Maître Farouk Ksentini. Selon lui, il y a « un abus systématiquement appliqué même quand il s'agit d'affaires mineures, ce qui va quasiment contre la loi et la morale ». « Lorsqu'une personne est en détention préventive et qu'elle demande sa liberté provisoire comme la loi lui autorise, neuf fois sur dix, c'est le refus. Quand cette personne fait appel devant la chambre d'accusation, cette dernière confirme le refus », chose qui demeure « contre l'esprit de la loi et à la volonté du législateur », a-t-il expliqué. « Il faut apporter une solution et le plus rapidement possible à cette pratique abusive, devenue depuis longtemps la règle absolue », dit-il. Il ajoutera que « son instance ne dispose pas de statistiques qui sont au niveau du ministère, lequel ne les communique pas ». Le président de la CNCPPDH a estimé, à ce propos, que le taux de 10%, sur 56.000 détenus, avancé par la justice, est « totalement inexact ». S'agissant des indemnités versées au profit des personnes détenues préventivement, Me Ksentini a mis en exergue la nécessité de revoir le texte portant sur ce volet. D'autre part, Me Ksentini opposera un démenti catégorique aux assertions relatives à la pratique de la torture et de la maltraitance dans les prisons algériennes soulevées par certaines parties étrangères. « Ce sont des fabulations pures et simples », a-t-il affirmé. A une question sur le dossier des disparus en Algérie, estimés officiellement à 7.200 cas, il a, enfin, a soutenu que « tous les cas ont été traités, à l'exception de « moins de 5 %» dans lesquels les familles ont refusé les indemnités ». Enfin, à propos des personnes détenues, entre « 15 et 18.000 », dans le sud du pays durant les années 1990, Me Ksentini a proposé une indemnisation, ne serait-ce que symbolique pour le préjudice moral et matériel indiscutable ».