Le président de la CNCPPDH appelle également à prendre en charge les personnes qui ont subi des dommages matériels en raison du terrorisme. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, plaide pour l'indemnisation des internés du Sud, dont le nombre est estimé à 18 000 personnes. «Ce sont des oubliés de la réconciliation nationale. Ils ont été internés pendant de longues années dans des conditions extrêmement pénibles. Ils ont subi un préjudice moral et physique indiscutable et n'ont pas été indemnisés. En plus de cela, ils n'ont jamais été traduits en justice puisqu'ils ne sont coupables de rien. Il faut faire un geste à leur égard dans le cadre de la réconciliation nationale», a déclaré Farouk Ksentini lors de son passage, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Il propose une indemnisation à ces ex-détenus. Le président de la CNCPPDH appelle également à prendre en charge les personnes qui ont subi des dommages matériels en raison du terrorisme. «Il y a des gens qui ont perdu leurs usines, leurs habitations, leur bétail, leurs véhicules. Toute cette catégorie de la population n'a pas été indemnisée alors qu'il faut le faire. Il faut tenir compte de leurs revendications puisque le préjudice qu'ils ont subi est certain», explique-t-il. Enfants nés sous X dans les maquis Farouk Ksentini demande également la promulgation de mesures législatives et légales pour régler le problème des enfants nés sous X dans les maquis aux fins de leur attribuer une identité. «Et s'ils ont des études à faire, il faut les prendre en charge matériellement. C'est à l'Etat de le faire pour que ces enfants soient correctement traités», soutient-il. Revenant sur la question des disparus, le premier responsable de la CNCPPDH affirme que le dossier n'est pas clos après avoir martelé le contraire il y a quelques mois. «Le dossier des disparus n'a pas été clôturé. La Commission n'a pas pouvoir de le faire. Donc, on peut considérer qu'il est toujours ouvert. Quoi qu'il en soit, nous avons, sur ce dossier, progressé et pratiquement apporté la solution», estime-t-il. Selon lui, il reste un noyau de familles des victimes de disparition forcée qui conteste ce qui a été entrepris par la CNCPPDH. «Ce noyau considère qu'il y a encore des investigations à mener. D'après lui, tant que la justice ne se serait pas prononcée sur les cas de disparition, le dossier doit demeurer ouvert. C'est un point de vue que je respecte. Mais je pense qu'avec la charte pour la paix et la réconciliation nationale, les données ont changé», ajoute-t-il. Farouk Ksentini dénonce également le recours «excessif à la détention préventive qui touche pas moins de 30% de la population globale carcérale en Algérie», affirme-t-il. «Il faut apporter une solution et le plus rapidement possible à cette pratique abusive qui est devenue depuis longtemps la règle absolue», lance-t-il. Farouk Ksentini conteste le chiffre donné par le ministère de la Justice, qu'il qualifie d'inexact. «Le taux de 10%, sur 56 000 détenus, avancé par la justice est totalement inexact, sachant que sur le plan légal, est considérée comme détenue préventivement toute personne qui n'est pas définitivement jugée», indique-t-il.