La pièce théâtrale est une véritable radioscopie d'un comportement qui éloigne ses auteurs des valeurs humaines. Peu de temps avant sa mort, un père exige de ses enfants de ne pas pleurer sa disparition, mais de chanter le jour de sa mise en terre. Une demande pour le moins absurde que ne comprend d'ailleurs pas Tahar, le préposé à la toilette mortuaire. La veille de l'enterrement, l'on sollicite Tahar pour laver le défunt. Equipé d'un seau et d'une blouse blanche, « le laveur » se presse de laver la dépouille mortelle, parce que d'autres clients attendent. Ironie du sort, au moment où Tahar va commencer sa besogne, il se rend compte qu'il n'y a pas d'eau. Commence alors véritablement la pièce. Le moribond, sentant sa mort approcher, écrit un testament où il propose à celui qui le lavera de lui arracher le cœur et le brûler contre un chèque d'un milliard, tout en exigeant d'être lavé avec du parfum et non pas avec de l'eau. La proposition est d'autant plus alléchante que Tahar est pauvre et arrive juste à peine à subvenir aux besoins de sa famille nombreuse. Il s'imagine déjà milliardaire, possédant une villa avec vue sur mer, une piscine et quatre femmes. Mais il ne sait toujours pas où le disparu a laissé le chèque qui lui permettra de devenir riche. Retour à la triste réalité : il faut coûte que coûte trouver le chèque, qu'il finit par voir, en regardant vers le plafond. Le sésame y est suspendu. Moment de lucidité. Tahar hésite à ouvrir le corps, parce qu'à chaque fois qu'il tente de le faire à l'aide d'un couteau, une voix lui dit que c'est péché. Elle lui susurre que s'enrichir par un tel acte barbare n'est pas chose recommandée. Il s'ensuit un va-et-vient entre la raison et la déraison. Au point où il se demande qui est réellement mort ! Après maintes tentatives d'arracher le cœur du défunt, la raison l'emporte. Tahar décide de rester ce qu'il est : celui qui se charge de la toilette des morts. Parce qu'on ne peut jamais acheter la paix de l'âme avec de l'argent... La pièce théâtrale met en scène un personnage tiraillé entre l'envie de s'enrichir même sur le dos d'un mort et la peur de ne pas trouver de repos dans l'autre monde. « Testament du défunt », admirablement jouée par un comédien aux multiples talents, traite d'un sujet vieux comme le monde : la cupidité et le gain facile. Un fléau qui gangrène des pans entiers de la société. Badis Foudala a aussi fait des clins d'œil à la décennie noire qu'a vécue notre pays. Il est à souligner que « Testament du défunt » a été jouée en présence d'un public averti, composé notamment de comédiens, d'homme de culture et de journalistes. Ecrite par Nadjet Taibouni, la pièce « Testament du défunt » est mise en scène par Richard Demarcy. Le public applaudit longuement le comédien à la fin de la représentation.