Le débat, ô combien d'actualité, opposant la presse sur papier et la presse en ligne a été remis sur le tapis hier lors d'une conférence à l'institut supérieur du journalisme, en présence de Pierre Haski, journaliste et fondateur du premier site en ligne d'information en France, Rue 89. Ce dernier, tout en énumérant les « bienfaits » des sites d'informations en ligne, reconnaît qu'ils peinent à émerger. « Nous sommes toujours en transition entre la presse dite traditionnelle, qui s'accroche malgré tout, et la presse dite numérique. D'ailleurs, jusqu'à présent, nous n'arrivons pas encore à déterminer le coût économique des journaux en ligne car nous n'avons pas encore un modèle économique bien défini sur la question », explique-t-il. Mais cela viendra, dit-il, car ces genres de sites prennent de plus en plus d'importance, malgré certaines mentalités qui considèrent toujours internet comme un sous-produit. « En fait, en France par exemple, certains disent qu'un journaliste qui écrit sur Internet n'est pas digne d'en être un. Il faut que les sites en ligne, par les bouleversements qu'ils suscitent dans le monde de la presse, apportent avec eux bien des appréhensions », confie-t-il. Parmi ces bouleversements, l'implication du lecteur dans l'acte de l'information. Dans la presse dite traditionnelle, le journaliste est placé d'une façon verticale, au sommet de la pyramide d'où il envoyait l'information. Mais dans la presse en ligne, le journaliste se retrouve dans une position horizontale car il reçoit des réactions dans tous les sens. « L'article dans la presse traditionnelle est un produit fini qu'on ne peut toucher. Mais l'article mis en ligne n'est jamais fini, car il peut être enrichi grâce aux informations complémentaires et même des témoignages que peuvent apporter les lecteurs via leurs commentaires », explique-t-il. Par ailleurs, les sites d'informations en ligne ont réussi à réhabiliter la relation de confiance entre la presse et les lecteurs en déperdition ces 20 dernières années. « Ce manque de confiance a entraîné une crise morale dans le monde de la presse plus importante encore que la crise économique. Mais comme l'information sur le net se fait dans la transparence, puisque les journalises sont à l'écoute de leurs lecteurs allant même jusqu'à leur divulguer certaines de leurs sources, cette crise morale commence à s'atténuer », assure-t-il. Ce qui met la presse à papier dans une situation inconfortable, conclut-il, puisqu'il lui faut fournir plus d'efforts pour apporter un « plus » que les sites d'informations en ligne.