« Les années précédentes, j'avais constaté une désaffection du public, mais il y avait du monde particulièrement vendredi dernier, pratiquement des familles entières sont venues s'enquérir et acheter nos produits livresques. On a fait une bonne vente, et pourtant je ne m'y attendais pas. C'est sans doute à la grâce de nos prix qui sont abordables ; il n'échappe à personne que l'ENAG est présente pour les étudiants avec beaucoup de nouveautés ; on a, de ce fait, des classiques de jeunesse qu'on vend à 25, 27, 30 DA ; on touche à tous les prix et à tous les âges. Du coup, les gens achètent jusqu'à dix livres. C'est dire qu'en quelques jours du Feliv, on a eu du beau monde », a déclaré Abdelkrim Kechroud, responsable du stand ENAG, non moins libraire d'Ethaâlibi à Bab El Oued. Interrogé sur la proportion du lectorat, le libraire affirme que seule la cherté du livre freine la consommation. Il est donc souhaitable, propose-t-il, que l'état subventionne le livre. « Il n'y a que les entreprises étatiques qui proposent des prix abordables. Si on accompagne les maisons d'éditions privées, on donnera une bonne habitude aux lecteurs, qui consommeront régulièrement du livre », explique-t-il. DES AUTEURS, DES HOMMAGES ET DES EDITEURS Le 5e Féliv qui rend hommage aux pionniers de la littérature algérienne (Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Kateb Yacine, Mohamed Dib, Malek Haddad, Abdelhamid Benhadouga, Ahmed Réda Houhou, Moufdi Zakaria, Tahar Ouettar, Abou Laid Doudou) ne doit pas être, cependant, l'arbre qui cache la forêt, car bon nombre d'auteurs ont beaucoup de mal à se faire éditer. C'est le cas notamment de Mohamed Zaghloul Bedri, écrivain pour enfants, illustrateur et artiste peintre. Il confie : « La politique du livre adoptée actuellement par des maisons d'édition n'arrange absolument pas les auteurs. J'ai comme l'impression qu'il y a un grain de mercantilisme affiché, d'ailleurs, par certaines maisons d'édition qui découragent automatiquement l'auteur. À partir du moment où il peine pour écrire, pour illustrer, il attend longtemps avant de trouver l'interlocuteur valable ; et dès qu'il le trouve pour prendre en charge ses travaux, la déception vient au bout. Pour ma part, je n'ai réussi à éditer aucun livre depuis le départ de la SNED. Avec celle-ci, j'ai tout de même réussi à réaliser des illustrations de contes écrits par des auteurs ». L'auteur ne se décourage pas, pour autant, puisque sa présence même au Féliv s'explique par une sollicitation d'un éditeur pour enfants, qui souhaite voir de près ses travaux avant de trancher. « J'espère pouvoir travailler mes histoires de contes pour enfants, que j'estime très éducatives ; il faudra sans doute s'entendre sur les conditions d'édition, avec notamment le prix de chaque ouvrage », a-t-il affirmé. Cela dit, l'auteur trouve que le Féliv se décline sous une très bonne organisation. Cependant, nous attendons de voir comment se fera l'accueil. De plus, il estime que le fait d'importer des livres de littérature n'augure rien de bon, lui qui est un adepte du produit national. Le Féliv qui a « pour but de plonger le jeune public dans un univers d'intense créativité afin d'éveiller l'imaginaire et la réflexion » propose plusieurs activités. C'est pourquoi, on retrouve pas moins de six espaces d'animation réservés à cet effet. Il s'agit d'« Un monde de couleurs » (atelier de dessin et de peinture), « Un monde de création » (modelage, décoration, etc.), « Un monde de conte » (algérien et universel), « Un monde de Mangas » (atelier d'initiation aux différentes techniques de création de bande dessinées), « Un monde de spectacle » (avec la présence de plusieurs artistes de scène), et, enfin, « Un monde d'écriture » où nous avons fait une halte. BEAUCOUP D'ACTIVITES AU MENU Ici, une quinzaine d'enfants de SOS Village s'attellent à imaginer l'histoire qui défile en image devant leurs yeux. « Il s'agit d'une bande dessinée écrite par une Libanaise nommée Sophie Armache ; j'ai, pour ma part, enlevé tout le texte de sorte que les enfants puissent imaginer l'histoire qu'ils écriront en arabe algérien », a déclaré Cathy Khattar, animatrice des lieux. Auteure de plusieurs livres pour enfants, elle active au sein d'une ONG qui s'appelle « Assabil » sise à Beyrouth. Par ailleurs, de grands noms de la littérature algérienne et mondiale se relayeront chaque jour dans ce qui est convenu d'appeler « Débats » (16h30-17h45) et « Auteurs en dialogue » (18h-19h30). De même qu'est programmée la projection de plusieurs films qui « mettent en avant la richesse des genres, les différentes approches du cinéma, et surtout la diversité culturelle : Tchécoslovaquie, Italie, France, Iran, Burkina Faso, Etats-Unis, Japon et Australie ». Au chapitre des spectacles, les organisateurs ont programmé du théâtre, concerts et contes tout au long du Féliv, ce qui contraste avec le colloque organisé sur trois jours autour des « Indépendances dans les littératures postcoloniales ». Pour rappel, une partie des activités du Féliv est répartie sur deux villes de l'intérieur : Batna et Sidi Bel Abbès, à l'instar du métro d'Alger (Haï El Badr, Jardin d'Essais, Tafourah) qui abrite une série de manifestations en hommage aux pionniers de la littérature algérienne.