Des brigades ferroviaires ont été installées depuis le début de cette année au niveau de plusieurs gares à l'instar de celle de l'Agha à Alger. C'est dans ce cadre que le groupement territorial de la gendarmerie nationale de Sidi Bel-Abbès a effectué une descente dans le train reliant Maghnia à Oran. Un train qui a repris du service en 2008, après quatorze ans d'absence. Il était 7 h 30 en ce vendredi. La gare est quasiment vide. Le train express, appelé également train rapide, ne s'arrêtera pas à Sidi Bel-Abbès. « C'est un direct qui assure la ligne Maghnia - Oran », indique le chef de gare. Discrètement, des gendarmes de la section d'intervention et sécurité (SSI) occupent les lieux. Objectif : « Repérer des voyageurs suspects, identifier les étrangers et déceler les bagages douteux », explique le lieutenant-colonel Abdelkader Bélatrèche qui ajoute que « même les gendarmes ne sont informés sur ces opérations sensibles qu'à la dernière minute ». LES SSI TRAQUENT LES CONTREBANDIERS DANS LES WAGONS Le chef de section demande au chef de gare d'arrêter le train au niveau de Aïn El Berda. Le capitaine Benabelmalek donne des instructions à son équipe. Il insiste surtout sur le respect des personnes lors de la mission. « Ne brusquez pas les voyageurs. Soyez vigilants et ne répondez pas aux provocations », lance-t-il à ses hommes. L'officier signale que les gendarmes ont récemment saisi près de 90 millions de centimes de marchandises destinées à la contrebande dans le train en provenance de Maghnia, au niveau de la gare ferroviaire de la ville de Sidi Bel-Abbès. « Cette marchandise comprenait des pantalons, des chaussures, des épices et du henné », précise-t-il. A la vue des gendarmes, le contrebandier a sauté par la fenêtre du train avant d'être arrêté. Dans le train, des gendarmes déployés en équipes séparées commencent la fouille ; une stratégie pour contrecarrer celle des trafiquants. « Des voyageurs laissent leurs bagages dans les porte-bagages des wagons. Ils changent de place pour les récupérer à la gare. C'est une technique pour ne pas attirer l'attention des services de sécurité. Pour eux, il s'agit de passer pour des voyageurs ordinaires en s'infiltrant parmi les familles », précise le capitaine. Le train est devenu le moyen de transport privilégié des trabendistes et des trafiquants pour acheminer leurs marchandises vers Oran et Alger. Le renforcement des points de contrôle routiers a poussé les contrebandiers à chercher d'autres moyens de déplacement. En ce jour, les voyageurs sont été surpris par cette descente surprise matinale. Mais une fois les voyageurs mis au courant, les langues se délient. « On a été à plusieurs reprises agressés ou intimidés par des voyous, ce qui m'a poussé à éviter ce moyen sauf en cas d'urgence », affirme ce père de famille en compagnie de ses enfants. Une jeune fille, voyageant seule, affirme que, « depuis que les gendarmes effectuent des descentes dans les trains, je voyage régulièrement en toute quiétude ». En face d'elle, une vieille dame souriait à un gendarme qui s'approchait avant de lui lancer « que Dieu vous protège mes enfants ». Cela n'empêche pas l'homme de fouiller son cabas « bourré » de chaussures. Elle tente de lui expliquer qu'elle est une mère de famille et qu'elle est obligée de nourrir ses enfants chômeurs grâce à la vente des habits et chaussures. « Je les achète du marché de Zaouia pour les revendre à Oran », lui avoue-t-elle. Le gendarme la remettra à la brigade de Aïn El Berda pour un PV. UN CAMEROUNAIS QUI VEUT REJOINDRE L'EN Dans le dernier wagon, trois personnes originaires d'Afrique subsaharienne affichent une mine défaite à la vue des gendarmes. Premier contrôle : ils ne détiennent aucun papier. Ils déclarent qu'ils sont camerounais et ont été refoulés du Maroc. « Nous allons à Oran pour chercher du travail », déclarent-ils. Un des clandestins dira : « Je suis un bon gardien de but. Je suis venu en Algérie pour chercher une place dans une équipe et je suis sûr que je serais utile dans l'équipe nationale algérienne ». Les gendarmes ont saisi en leur possession un passeport falsifié et un numéro de téléphone mentionné sur une feuille. « C'est un numéro étranger, il s'agit probablement du numéro de téléphone du passeur », commente l'officier de la GN. Les clandestins seront remis à la brigade territoriale de Aïn El Berda pour examen. Le train peut enfin démarrer. DES BRIGADES FERROVIAIRES POUR SECURISER LES TRAINS Il faut dire que le trafic ferroviaire connaît une certaine attractivité ces derniers mois. Pour suivre ce rythme, le commandement de la gendarmerie nationale a mis en place des brigades ferroviaires renforcées par les services d'intervention et sécurité (SSI). Ainsi, deux brigades seront bientôt opérationnelles au niveau des gares d'Oran et Mohammadia dans la wilaya de Mascara. Celles de Blida, Alger et Chlef sont déjà opérationnelles.