Ayant repris du service en 2008 après quatorze années d'absence, le train desservant la ligne frontalière Maghnia-Oran via Tlemcen et Sidi-Bel Abbès est devenu une aubaine pour les trabendistes qui y ont trouvé un moyen idéal pour transporter leurs marchandises en provenance du Maroc. Dès trois heures du matin, la gare de Maghnia vit le ballet de dizaines de véhicules qui y acheminent et déposent à son entrée des centaines de ballots contenant toutes sortes de marchandises destinées à la contrebande. La gare de Maghnia est, dès son ouverture, prise d'assaut, tout comme les wagons du train par les trabendistes, convoyeurs composés essentiellement de femmes, de jeunes et même d'enfants et d'Africains. Pour les familles qui voyagent à bord de ce train dont le départ est fixé à 04h30, c'est le parcours du combattant qui commence pour dénicher une place à l'intérieur des voitures où tous les espaces sont squattés par ces voyageurs qui y entreposent leurs marchandises emballées dans de grands sacs en plastique et solidement attachés avec du scotch d'emballage. Il est très difficile de se frayer un chemin à l'intérieur des wagons et même les contrôleurs éprouvent les pires difficultés pour vérifier et poinçonner les billets ; quant aux autres voyageurs, ils observent avec impuissance la mort dans l'âme car contraints de rester debout dans les couloirs des voitures et n'osent pas réclamer de peur d'être agressés par les trabendistes qui, constitués en groupes à l'intérieur des wagons, affichent des airs menaçants et sont sur leurs gardes pour parer à toute éventualité en cas d'irruption des gendarmes de la Section d'intervention et de sécurité (SSI) qui opèrent généralement sur cette ligne. L'on se demande d'ailleurs comment toute cette marchandise a été embarquée à bord de ce train sans le moindre contrôle et comment ce moyen de locomotion, destiné essentiellement aux voyageurs, s'est transformé au fil du temps et par laxisme des responsables en ce qu'on appelle ici à Maghnia le «train-trabendo» à bord duquel les familles ne peuvent plus voyager et ce, pour plusieurs raisons. D'abord les trabendistes n'éprouvent aucun respect pour le reste des passagers et profèrent des obscénités inacceptables, et ensuite les places censées être réservées aux voyageurs sont occupées par les marchandises. Il est temps pour les responsables de la SNCF de se pencher sérieusement sur ce problème qui pénalise toute une frange de la société qui a trouvé en ce moyen de transport une opportunité certaine car accessible à toutes les bourses et évitant les risques de la route.