Le président de la République plaide à nouveau pour «un dialogue fécond» et «un rapprochement plus que jamais indispensable entre tous ceux qui aspirent à une meilleure connaissance et à une volontaire reconnaissance de l'autre». Le dialogue des civilisations, dont l'Algérie s'est fait ces dernières années le fervent chantre, n'est pas limité à la culture. La teneur du message de Bouteflika, lu à l'occasion du 20e anniversaire de la Commission de Venise, est au cœur des enjeux qui préoccupent les nations soucieuses de plus de démocratie et d'instauration de l'Etat de droit. Cette instance relève du conseil de l'Europe mais se veut ouverte de plus en plus à des Etats non-européens, à travers l'intégration d'autres sphères géographiques et culturelles. Son initiative visant à créer un Forum mondial permanent de la justice constitutionnelle prolonge son action continentale. Plus que jamais la mondialisation n'est plus l'apanage des économistes mais intègre aussi d'autres paramètres. L'assistance et le partenariat ne sont pas seulement technologique ou financier mais peuvent aussi prendre la forme d'éclairages et d'avis consultatifs nécessaires à la mise en place de démocraties. L'Algérie s'insère harmonieusement dans ce nouveau cours des démocraties avec la consécration du pluralisme et l'intérêt accordé au conseil constitutionnel. La création de l'Union des cours et Conseils constitutionnels arabes s'est concrétisée à Alger en 1997. Le président de la République fait sans doute référence à l'expérience algérienne où la justice constitutionnelle est une culture, au même titre que la démocratie et l'Etat de droit. Le discours politique, les engagements du Président placent toujours en priorité cette aspiration qui, seule, donne sa vraie signification à la démocratie qui ne saurait s'accommoder du seul pluralisme ou de la tenue régulière et libre des élections. La démocratie est aussi une pratique qui passe par le renforcement des outils du contrôle de ses mécanismes. C'est un lent apprentissage qui, pour reprendre le chef de l'Etat, «doit passer par une expérience et une pratique qui s'inscrivent dans la durée pour s'ériger en partie intégrante de notre culture quotidienne et de notre réalité politique». La démocratie ne peut être comme une de ces usines importées clés en main. Certes, les pays de la rive nord ont accompli au fil des plusieurs générations des progrès. Il n'y a pas lieu de plaquer telle quelle cette expérience dans les pays du tiers monde qui ont connu un cheminement historique différent. «Nous savons parfaitement que la démocratie n'est pas une recette miracle prête à l'emploi, valable pour toutes les sociétés quels qu'en soient les lieux et les époques». Le constat est lucide car il ne fait pas fi des progrès réalisés dans le Tiers-Monde mais prémunit aussi contre les illusions de l'impatience démocratique qui a besoin d'un socle et de mécanismes rodés.