Bamako demande à une communauté internationale, préoccupée par la crise de dette et le nucléaire iranien, de condamner les destructions « criminelles » des mausolées de saints musulmans de Tombouctou et de réagir à la décision d'Ansar Dine de transformer en épicentre de l'obscurantisme dans le Sahel, « la cité mystérieuse des 333 saints ». « Le Mali exhorte l'ONU à prendre des mesures concrètes pour mettre fin aux crimes contre l'héritage culturel de la population. Aucun pays, quelle que soit sa religion, ne peut accepter d'apporter de l'aide à des groupes qui détruisent l'héritage culturel. C'est pourquoi j'appelle la communauté internationale à être solidaire avec mon pays », déclare, à la réunion de l'Unesco à Saint-Pétersbourg en Russie, Diallo Fadima, ministre malienne des Arts, du Tourisme et de la Culture. Ces démolitions, entamées samedi, seraient-elles la première conséquence de la prise de contrôle du nord du Mali par des groupes armés islamistes qui estiment que tous les mausolées érigés par les musulmans d'obédience soufiste relèvent d'une idolâtrie bannie par l'islam ? Une réponse à la décision de l'Unesco de classer Tombouctou, qui figure depuis 1988 au patrimoine mondial de l'humanité, sur la liste du patrimoine mondial en péril ? Les mausolées de Tombouctou vont-ils subir le même sort que les Bouddhas de Bamyan, en Afghanistan, détruits en mars 2001 par les talibans et al-Qaïda ? Une chose est sûre : le Mali prend une tournure dangereuse. De l'avis de tous les observateurs, cette crise, qui a permis à des « mouvements » inconnus de s'imposer en quelques jours grâce aux armes reçues lors de la crise libyienne, risque de « somaliser » le Mali et d'ouvrir la boîte de Pandore du Sahel. Surtout si les pays de l'Afrique de l'Ouest reçoivent un « oui » de l'ONU pour envoyer leurs troupes au Mali malgré les mises en garde des Etats-Unis contre cette « lourde entreprise ». Vécue au Nord « comme une occupation » et au Sud comme une « mise sous tutelle » du pays, cette intervention « gonflera les rangs d'Aqmi », selon les analystes.