Un hommage a été rendu par des chercheurs et des historiens, hier à Alger, aux femmes algériennes, notamment les « anonymes » ayant souffert en silence de la torture et du viol durant la guerre de libération nationale. Le viol des femmes reste un sujet « tabou » dans la mesure où les victimes n'osent pas encore en parler de peur pour leur réputation et leur dignité, ont estimé des intervenants lors d'une rencontre internationale sur le thème « Algérie 50 ans après : libérer l'histoire ». Selon Mme Zineb Ali-Benali, enseignante à l'université de Paris, « il y a encore beaucoup de choses à dire à ce sujet », bien que, a-t-elle relevé, des écrivains comme Mouloud Feraoun et Assia Djebbar avaient évoqué le viol des femmes par des soldats français dans le milieu rural durant la Révolution. « Il faut tout dire », a-t-elle recommandéi, exhortant les femmes victimes de viol durant cette période à en parler et à apporter leurs témoignages. Selon cette universitaire, une femme violée avait témoigné en ces termes : « Ils m'ont mise nue comme le jour de ma naissance, puis je me suis mise à hurler comme une louve ». Des moudjahidate qui étaient présentes dans la salle ont regretté que les femmes torturées dans la campagne durant la Révolution soient « oubliées ». Une d'entre elles, qui a éclaté en sanglots, a révélé que des jeunes femmes étaient « bâillonnée » avant de « passer à la curée », sans qu'elles n'osent en parler. Louisa Ighilahriz, moudjahida violée et torturée par l'armée française, a expliqué que si les femmes ne témoignent pas c'est parce qu'elles ont « peur » pour leurs enfants et de tout ce qui pourrait être raconté à leur sujet par la suite.