La femme algérienne a été de tous les combats, et ce, bien avant 1954. Dispenser la femme de ses droits, c'est lui retirer sa citoyenneté. Nous ne sommes plus reconnues comme étant Algériennes », a affirmé Houria Imache, lors de la conférence de presse tenue par des moudjahidate pour l'abrogation du Code de la famille. Pas question de palabrer autour d'éventuels amendements. Que les discours émanent du pouvoir, comme il est désigné par ces combattantes, ou d'un parti politique, elles ne s'y attardent guère. La légitimité d'exiger le droit d'être une femme à part entière n'est plus à démontrer. Parties en guerre à l'âge où on joue encore à la poupée, emprisonnées, mises nues devant un parterre d'hommes, torturées... leur parcours a été long. « Les partis politiques nous ont utilisées. Il n'existe pas de parti démocratique qui défend la cause de la femme avec conviction. Il s'engage ponctuellement dans un combat féministe le temps d'une élection. Sans conviction. » Par intérêt, affirme Houria Imache qui fut, durant les années 1990, militante et secrétaire nationale au FFS. L'homme du parti, Hocine Aït Ahmed, est un homme d'histoire. Les invectives ne le visaient pas. Mais les partis politiques n'ont qu'à dessein, selon elles, d'ameuter le peuple autour d'un combat qui les mêle mais ne les concerne pas. « La femme est intéressante en politique. Elle représente une voix. En droit, c'est une demi-voix et une demi-personne », s'exclame une autre moudjahida. Et ce sont surtout les conséquences sur la vie de tous les jours qui sont pointées du doigt par la plupart d'entre elles. « Moudjahida très jeune, je me suis retrouvée veuve avec des enfants. Pour marier ma fille, j'ai dû faire appel à un voisin. Tandis que je cumulais psychologiquement et financièrement le rôle du père et de la mère, il ne m'était dévolu aucun pouvoir juridique sur l'administration même de ma famille », raconte une moudjahida. Après une longue traversée du désert, tel qu'exprimé par certaines d'entre elles, il y a aujourd'hui une volonté effective de s'opposer à cet étau juridique qui projette leur statut dans le rang de sujet. Sans affiliation ou obédience à un ordre quelconque, les moudjahidate remontent en ligne de front et annoncent un retour qu'elles promettent fracassant. Le mot d'ordre est donné : « Nous sommes encore là et pouvons témoigner de l'apport des femmes pour la libération du pays. Nous sommes encore là pour former la relève de demain et quand on est passé par la torture et la honte, plus rien ne peut nous faire peur. »