Omar El Béchir change de ton avec les rebelles du Darfour qui refusent de reprendre les négociations à Doha et prévient les Soudanais des dommages collatéraux d'une éventuelle cession du Sud Soudan. «Doha sera le forum de la dernière chance pour un règlement définitif du conflit du Darfour. Nous ne permettrons pas un nouveau forum. S'il y a une partie qui veut la paix, nous sommes prêts. Après le cycle de Doha, il n'y aura nulle légitimité par les armes», dit-il à l'ouverture d'une réunion du Conseil consultatif du Parti du Congrès National, le mouvement politique dont il assure la présidence. « Tout est fin prêt pour la réalisation d'une paix globale et durable à travers un règlement politique pacifique du conflit », déclare Omar Adam Rahma, porte-parole de la délégation gouvernementale souhaitant que ce nouveau cycle après les « tortueux » pourparlers menés au Tchad, au Nigeria et en Libye, soit « décisif et final ». Selon El Béchir qui veut mettre fin au conflit qui sévit depuis février 2003 dans cette province de l'ouest du Soudan, il est temps que les rebelles réalisent qu'ils ne pourront rien obtenir, encore moins des postes par la violence. « L'accès au pouvoir ne se fera plus qu'à travers les élections », dit-il quelques heures avant la reprise à Doha des négociations avec le Mouvement de la libération pour la justice en présence du ministre d'Etat qatari des Affaires étrangères, Ahmed bin Abdullah Al-Mahmoud, et du représentant de l'ONU et de l'Union africaine pour le Darfour, Djibrill Bassole. Le Mouvement Justice et Egalité (JEM) que dirige Khalil Ibrahim, et l'Armée de libération du Soudan (SLA), les deux principales organisations rebelles qui activent au Darfour, qui ont refusé de participer à la nouvelle série de discussions, changeraient-ils d'avis après cet ultimatum ? Pas sûr. Les deux mouvements qui ont accepté de s'asseoir à la table des négociations avant les élections générales, dont la présidentielle qui a été remportée par El Béchir, s'affichent désormais en « état de guerre ». Soupçonnant le gouvernement de « volte-face sur l'accord de cessez-le-feu » signé en février dernier dans la capitale qatarie dans l'attente d'un calendrier sur une paix durable, les deux mouvements ont, début mai, lancé des raids militaires contre les troupes gouvernementales. Le JEM qui soupçonne Khartoum d'être derrière l'expulsion le 19 mai dernier du Tchad de son chef, contraint depuis à rester à Tripoli, veut « voir » ce dernier autorisé à retourner au Darfour.« Que Khalil Ibrahim choisisse de négocier à Doha ou qu'il persiste dans son intransigeance, le gouvernement dispose de toutes les options pour parvenir à la paix », prévient Mustapha Othman Ismaïl, un conseiller du président soudanais, précisant à l'endroit des rebelles et des …analystes que « les dernières élections générales ont donné lieu à une nouvelle situation ». Comment ? Plus de 50 députés du Darfour ont été élus au Parlement fédéral et trois provinces du Darfour jouissent de leurs propres parlements et de leurs propres gouverneurs qui défendront les intérêts de la population darfourie qui découvre qu'elle vit sur d'énormes gisements pétroliers et qu'elle pourrait prétendre à un partage des ressources comme le « sud Soudan » qui décidera le 9 janvier prochain lors d'un référendum « non pas seulement l'avenir du Sud, mais l'avenir du Soudan, s'il restera uni ou divisé en deux Etats. « Nous sommes convaincus de l'importance de travailler pour l'unité », estime El Béchir persuadé que « certains points à la frontière pourraient être explosifs (...) comme dans le cas de l'Ethiopie et de l'Erythrée ou de l'Inde et du Pakistan », si le Sud opte pour son indépendance. Des affrontements entre l'armée sudiste et des tribus arabes nordistes y ont fait plus d'une cinquantaine de morts en avril. Le président opte pour la main tendue au Mouvement populaire de libération du Soudan, ex-rebelles sudistes. « Nous n'avons pas d'autre choix que de travailler avec le SPLM pour l'unité du pays », dit-il avant d'annoncer aux ex-rebelles du Sud sa décision de leur confier le ministère clé du Pétrole et 30% des sièges au parlement. « Afin que les sudistes optent pour l'unité du pays », explique le raïs.