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El-Béchir sur plusieurs fronts pour la réunification et l'instauration d'une paix durable au Soudan A moins de huit mois du référendum d'autodétermination du sud-soudan
Les Soudanais se sont rencontré dimanche dans la capitale qatarie Doha pour un deuxième round des négociations de paix dans le Darfour (ouest du Soudan), en proie à une guerre civile depuis 2003. Cette reprise des pourparlers a lieu après deux mois de suspension en raison de la tenue de la première élection multipartite au Soudan en avril dernier et qui a permis à Omar El Béchir d'être réélu à la tête de l'Etat. Les pourparlers de Doha sont considérés par le président soudanais, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, comme ceux de «la dernière chance» pour le retour de la paix dans la région du Darfour où la guerre a fait au moins 300 000 morts -10 000 morts selon Khartoum- et plus de 2,5 millions de déplacés, selon plusieurs organisations non-gouvernementales. Dans un discours à la fois conciliant et menaçant, le président soudanais a déclaré à Khartoum, lors d'une réunion du Conseil consultatif du Parti du congrès national (NCP, au pouvoir), que «Doha sera le dernier forum de négociations. Nous ne permettrons pas un nouveau forum. S'il y a une partie qui veut la paix, nous sommes prêts». Pour les autorités soudanaises, l'obtention de la paix se fait «à travers un règlement politique pacifique du conflit au Darfour». Et El Béchir l'a clairement signifié en ajoutant qu'il serait désormais impossible d'obtenir des postes gouvernementaux par la rébellion et les armes. Pour lui, l'accès au pouvoir «ne se fera qu'à travers les élections», a rapporté l'APS. Omar Adam Rahma, porte-parole de la délégation gouvernementale, a estimé que «tout est fin prêt pour la réalisation d'une paix globale et durable». Mais il semblerait que cette vision ne soit pas partagée par le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), l'un des plus importants groupes rebelles du Darfour dont les représentants n'étaient toujours pas arrivés hier à Doha au début des pourparlers qui se déroulent à huis clos. Pour rappel, ce mouvement rebelle avait signé, à Doha en février dernier, un cessez-le-feu doublé d'un accord politique devant déboucher avant le 15 mars sur une paix durable avec le gouvernement. Mais le JEM a annoncé quelques semaines plus tard son retrait de la table des négociations, posant une série de conditions, dont le retour au Darfour de leur chef M. Ibrahim, en exil en Libye. «Qu'il [Khalil Ibrahim] choisisse de négocier à Doha ou qu'il persiste dans son intransigeance, le gouvernement dispose de toutes les options pour parvenir à la paix», a menacé récemment Mustapha Othman Ismaïl, l'un des conseillers du président soudanais. Pour les autorités de Khartoum, vu le fait que les Darfaouis sont représentés par plus de 50 députés au Parlement fédéral, et que trois provinces du Darfour disposent de leurs propres parlements et de leurs propres gouverneurs, il n'y a pas de raison de recourir aux armes pour défendre leurs intérêts politiques et socioéconomiques. Mais parallèlement à ces négociations de paix, les autorités soudanaises doivent aussi mettre fin aux affrontements réguliers entre les différentes tribus qui se battent à cause du contrôle des pâturages et des points d'eau. Toutefois, le grand défi d'Omar El-Béchir demeure celui de la défense de l'unité nationale du Soudan. Le président soudanais ne dispose en fait que de huit mois pour éviter la sécession du Sud-Soudan de la partie nord du pays. Un référendum d'autodétermination devrait avoir lieu dans le Sud-Soudan riche en Pétrole fin janvier 2011. Pour prouver sa bonne volonté M. El Béchir a annoncé qu'il accordera le portefeuille du ministère clé du Pétrole aux ex-rebelles du SPLM (Mouvement populaire de libération du Soudan). Les réserves pétrolières du Soudan sont estimées à environ six milliards de barils, en grande partie dans des régions à la lisière du Nord et du Sud, pour une production actuelle d'un peu moins de 500 000 barils par jour. Le SPLM aura aussi 30% des sièges au Parlement et récupérera tous les portefeuilles de ministre, à l'exception de celui des Affaires étrangères. Le Nord et le Sud du Soudan avaient formé en 2005 un gouvernement d'union nationale après la signature d'un accord de paix ayant mis fin à 21 ans de guerre civile à l'origine de deux millions de morts. Pour Omar El-Béchir, la frontière entre le nord et le sud du Soudan risque d'être «explosive» si le Sud devient un Etat indépendant à l'issue du référendum de janvier, a-t-il averti samedi. «Certains points à la frontière pourraient être explosifs [...] comme dans le cas de l'Ethiopie , de l'Erythrée ou de l'Inde et du Pakistan», a-t-il estimé. L. M.